Pet Sematary (2019)

Réalisé par : Kevin Kölsch et Dennis Widmyer

Ecrit par : David Kajganich et Jeff Buhler, d’après le roman de Stephen King

Avec : Jason Clarke, Amy Seimetz, John Lithgow, Jeté Laurence

Je suis une grande admiratrice de Stephen King. Son écriture intelligente et limpide, son imaginaire percutant et émouvant à la fois m’ont toujours fascinée. Même si j’avoue avoir un faible pour ses recueils de nouvelles, je dévore ses romans avec une joie non dissimulée. Simetierre est le premier roman de M. King que j’ai lu, à l’adolescence. J’en ai conservé un très bon souvenir, et découvrir une nouvelle adaptation cinématographique de cette œuvre m’intriguait.  De plus, j’avais beaucoup apprécié Starry Eyes (2014), la précédente réalisation subtile et envoûtante de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer, cinéastes aux commandes de ce Simetierre 2019. Ajoutez à cela la présence de Jason Clarke, un acteur qui, à défaut de me marquer ou de m’emballer véritablement, m’impressionne toujours lorsqu’il apparaît à l’écran, et vous obtenez une Caro tout prête à frissonner à nouveau dans les allées brumeuses du cimetière pour animaux de Ludlow.

Louis et Rachel Creed emménagent dans une nouvelle demeure à la campagne avec leurs deux enfants, Gage et Ellie. Le bonheur de se retrouver loin du tumulte de la ville est hélas vite gâché par la découverte du petit bois jouxtant la maison qui, avec son sinistre cimetière pour animaux, semble exercer sur la petite famille un pouvoir maléfique…

Dans l’ensemble, Simetierre est une adaptation fidèle du roman écrit en 1983 par Stephen King. La patte de ce dernier se ressent fortement à plusieurs moments du film, et il est clair que le maître de l’épouvante ne pourrait nier la paternité de l’œuvre. Ceci dit, ce Simetierre version 2019 s’autorise tout de même quelques libertés vis-à-vis de son homologue littéraire, notamment en ce qui concerne l’accident de la route mortel au cœur de l’intrigue, mais également la fin, bien différente de celle du roman (mais j’y reviendrai plus tard.) Ce premier changement, où c’est Ellie qui se fait percuter par le camion plutôt que le petit Gage, est une bonne idée. Utiliser une enfant un peu plus âgée que dans l’œuvre originale est, à mes yeux, une très bonne idée, qui permet au film d’éviter de basculer dans le ridicule face à la vision d’un enfant de deux ans haut comme trois pommes brandissant un couteau d’un air menaçant. Mais il y a tout de même un petit bémol à tout cela : cette modification aurait gagné à rester secrète, et à ne pas apparaître dans la bande-annonce. En effet, la manière dont la scène de l’accident est tournée laisse à penser qu’elle a pour vocation de surprendre le spectateur, ce qui aurait été vraiment malin et, pour le coup, original.

Ce qui est sûr, c’est qu’ « originalité » est un mot que je ne risque pas de prononcer lorsque j’évoque la réalisation. Celle-ci se montre vraiment basique, générique, sans véritable personnalité. C’est vraiment dommage, et l’on était en droit d’en attendre davantage des réalisateurs de Starry Eyes, plus travaillé visuellement. On a ainsi droit à une première incursion dans le fameux « simetierre » dont on dirait qu’elle a été tournée devant un écran vert bon marché, une forêt de laquelle s’échappent des murmures incessants (bruitage moult fois utilisé dans bon nombre de films ces dernières années) et les immanquables dialogues ânonnés de façon solennelle par la petite Ellie, avec ce qu’il faut d’écho et de lenteur dans sa voix pour bien faire comprendre au spectateur qu’elle n’est plus elle-même. Le spectateur connait ces effets par cœur, ce qui les rend plus agaçants qu’effrayants et, de fait, inefficaces.

Malgré ces défauts, le long métrage se laisse voir sans déplaisir, et surtout sans ressentir le moindre ennui. Les acteurs, tant Jason Clarke que John Lithgow, sont étonnamment bons, compte tenu du fait que leurs personnages sont cruellement sous-développés. Le seul personnage qui bénéficie d’un tant soit peu de substance est celui de Rachel, la mère de famille incarnée avec beaucoup de naturel par Amy Seimetz. Bien que profondément tourmentée par le souvenir vivace de la mort de sa sœur survenue lorsqu’elle était enfant, Rachel se montre combative et sensée lorsque les choses commencent à mal tourner.

D’ailleurs, la sœur de Rachel, Zelda, nous offre la meilleure scène du film (celle du monte-plats), qui s’avère être l’une des scènes les plus atroces qu’il m’ait été donné de voir dernièrement. Je n’en dirai pas plus, mais sachez qu’elle me donne encore froid dans le dos rien que d’y penser. Hormis cette scène, le film nous offre de bons moments de suspense, efficaces et fidèles à l’ambiance du livre de King.

Malheureusement, cette semi-réussite est complètement anéantie par la fin. Le final qui nous est proposé est risible, n’a ni queue ni tête, et est tout juste digne d’un téléfilm de série B. Il vient gâcher tout ce que les cinéastes avaient réussi tant bien que mal à mettre en place, et ce malgré les interventions incessantes du studio dans le processus créatif, dénoncées à multiples reprises en interview par les réalisateurs. Cela est d’autant plus désolant que le roman nous offrait la fin parfaite sur un plateau, glaçante et marquante à souhait. Pourquoi diable vouloir absolument la modifier, surtout pour nous gratifier à la place de l’injure à laquelle on a eu droit ? Cela reste un mystère à mes yeux.

Petit lot de consolation : les cinéastes nous promettent une version blu-ray agrémentée de multiples scènes coupées (notamment en ce qui concerne le développement des personnages) et -oh miracle !- une fin alternative. Croisons les doigts pour que cette version director’s cut parvienne à concrétiser le potentiel que l’on devine dans ce Simetierre 2019, et à nous faire oublier cette frustrante impression de gâchis et ce goût de trop peu que l’on ressent lorsqu’apparait le générique de fin.

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