The Curse of la Llorona

Réalisé par : Michael Chaves

Ecrit par : Mikki Daughtry et Tobias Iaconis

Avec : Linda Cardellini, Raymond Cruz, Patricia Velásquez, Tony Amendola

C’est ma faute, je l’ai bien cherché. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Je sais pertinemment bien que la franchise Conjuring est pourrie jusqu’à la moëlle, et que plus rien n’en est sorti de bon depuis le premier volet en 2013. Que ce soit Conjuring 2, La Nonne, Anabelle 1 et 2, tous m’ont passablement énervée tant je les ai trouvés mauvais, paresseux, bordéliques, de vraies insultes à l’intelligence du spectateur. Et pourtant, vlà-ti-pas que me revoilà installée dans une salle sombre prête à visionner le sixième rejeton de la saga. Maso, me direz-vous ? Optimiste, plutôt. Bien mal m’en a pris.

Début des années 70. La vie d’Anna Garcia se partage entre ses enfants, qu’elle élève seule depuis le décès de son mari policier, et son métier d’assistante sociale à la protection de l’enfance. Un soir, deux jeunes garçons dont elle s’occupait sont retrouvés morts, mystérieusement noyés. La mère des enfants semble croire dur comme fer qu’un esprit maléfique est responsable du décès de ses fils. Anna est alors loin de se douter que ses propres enfants seront bientôt eux aussi en danger…

Visuellement, le film ne casse pas trois pattes à un canard. Rien de neuf à se mettre sous la dent de ce côté-là. Et lorsque je dis dans mon résumé que le film se déroule dans les années 70, c’est parce que la date est apparue à l’écran au début du film, sinon il est impossible de deviner que le film ne se passe pas de nos jours, si ce n’est un vieux poste de télévision que l’on aperçoit dans le salon. L’ambiance « seventies » n’est pas du tout exploitée. Ne servirait-elle qu’à faire le lien avec la saga Conjuring ?

Puisque l’on parle du visuel, c’est le moment de pointer du doigt un des défauts majeurs du long-métrage : le look de la méchante. Non ! Alors là, non ! Non non non ! Les mots ne manquent pas pour qualifier ce ratage monumental : ringard, rassis, kitsch, ridicule en sont quelques exemples. On a ici droit à une bouche agrandie à l’extrême grâce à du bon vieux CGI, du mascara clairement pas waterproof, et une robe chou à la crème du plus bel effet. D’ailleurs, le personnage de Patricia nous apparait bien plus effrayant que cette Llorona périmée et cheap à souhait.

Le film partait donc avec un handicap de taille niveau trouillomètre. Et ça n’a pas été en s’arrangeant : l’aspect horrifique du film consiste en une succession de jump scares aussi prévisibles qu’artificiels. Le réalisateur se montre incapable d’instaurer une ambiance un tant soit peu tendue. Certes, on sursaute de temps en temps, mais point de frayeur à l’horizon. Les apparitions de la Llorona se suivent et se ressemblent, répétitives à l’extrême. Ainsi, après trente minutes de film, on a l’impression d’avoir fait le tour du sujet, et d’avoir vu tout ce qu’il y avait à voir. Lassant.

Par ailleurs, j’ai détesté la réalisation que j’ai trouvée chaotique et peu inspirée. Les tremblements incessants de la caméra dans certaines scènes m’ont vraiment dérangée, je commençais à avoir la nausée.

(NDLR : La direction est également un copié-collé de la technique de James Wan, instigateur de l’univers The Conjuring. On a droit à la fameuse scène filmée en plan-séquence pour montrer la joyeuse petite famille, les scènes de sursaut filmées en style jeu vidéo et la scène de confrontation finale où la foi et l’amour l’emportent sur le mal. Si James Wan réussit avec brio tous ses plans, ce n’est pas le cas de Michael Chaves qui multiplie les mêmes plans encore et encore, sans une once d’authenticité. Certes, on sursaute facilement, mais c’est plus lassant que divertissant.)

Du côté des personnages, grosse cata aussi : chacun d’entre eux pose des actions toutes plus incohérentes les unes que les autres. A aucun moment ils ne semblent être conscients du danger qui les entoure, alors qu’ils ont bel et bien été agressés par la Llorona à de multiples reprises. Par exemple, la mère (qui travaille pourtant pour la protection de l’enfance) n’hésite pas à laisser ses jeunes enfants seuls à la maison alors qu’elle a été témoin, pas plus tard que la nuit précédente, de la présence hostile de la Llorona dans sa maison. Ensuite, alors que la Llorona est plus menaçante que jamais, la mère quitte la pièce où se trouve ses enfants pour… faire du café.

Le personnage de la Llorona n’est pas non plus épargné par les incohérences : les pouvoirs dont elle est dotée semble varier selon les besoins du scénario. C’est un beau foutoir, qui vire au grand n’importe quoi. Où est donc passée la belle sobriété qui caractérisait Conjuring premier du nom ?

Parlant de grand n’importe quoi, le film se conclut sur l’inévitable exorcisme final, où dialogues risibles et situations rocambolesques s’enchaînent, et où le pseudo-exorciste déniché au petit bonheur la chance par Anna se montre aussi idiot qu’inefficace. Il semble d’ailleurs être le comic relief de la bande, mais ses tentatives d’humour sont si piteuses qu’il parvient juste à agacer le spectateur.

Tout cela est vraiment dommage, car le récit sur lequel repose le film aurait pu donner lieu à quelque chose d’intéressant. Or, en visionnant ce film, tout ce que l’on se demande, c’est comment une légende aussi marquée culturellement a pu accoucher d’un film aussi Insipide. Ici, le traitement qui est fait de cette légende mexicaine est on ne peut plus générique : la Llorona pourrait en effet être remplacée par n’importe quel esprit qui passe par là, cela ne changerait absolument rien à l’histoire. De plus, il y a encore plus choquant : la façon dont le film est vendu en France et en Belgique : la Llorona devient… la dame blanche ! La Llorona, qui signifie « pleureuse » en espagnol, est une légende à part entière, et n’a rien à voir avec une quelconque dame blanche. C’est purement et simplement une insulte à la culture mexicaine, mais aussi une insulte au public, dont on pense clairement qu’il n’est pas capable de trouver de l’intérêt à une légende étrangère.

Enfin, je m’attarderai quelques instants sur le cas de Linda Cardellini, qui campe Anna. Mais qu’est-elle donc venue faire dans cette galère ? C’est une bonne comédienne, qui mérite qu’on lui confie des rôles dans des productions bien plus intéressantes, à l’image du récent (et oscarisé) Green Book, où elle est davantage à sa place.

Décidément, en sortant du cinéma, je ne pouvais m’empêcher de penser que tout cela n’augure rien de bon pour Conjuring 3 (prévu pour septembre 2020), laissé aux mains du même Michael Chaves…

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