Doctor Sleep (2019)

Réalisé par : Mike Flanagan

Ecrit par : Mike Flanagan, d’après le roman de Stephen King

Avec : Ewan McGregor, Rebecca Ferguson, Kyliegh Curran, Cliff Curtis

Selon moi, The Shining est un chef-d’œuvre. Le roman de Stephen King ou le film de Stanley Kubrick ? Les deux ! Le livre m’a procuré de terribles frissons durant les vacances d’hiver de mes quinze ans et le film nous a terrifiés, mon frère et moi, quelques années plus tôt, durant un dimanche après-midi pluvieux. Et je ne suis pas le seul à donner à ces œuvres le statut d’œuvres culte. Ainsi, il était d’autant plus périlleux d’en faire une suite. Or, Stephen King s’y est risqué avec Doctor Sleep. Ce n’était donc qu’une question de temps avant que Hollywood ne s’y attaque, et c’est Mike Flanagan (Oculus, The Haunting of Hill House) qui a été mandaté pour donner à nouveau vie aux personnages mythiques de The Shining.

Quelques dizaines d’années après les évènements de l’hôtel Overlook, Danny (Ewan McGregor) est un pauvre alcoolique qui décide de reprendre sa vie en main et déménage donc dans une petite ville du New Hampshire dans l’espoir de recommencer à zéro. Il coule des jours paisibles, jusqu’à ce qu’une jeune fille, Abra (Kyliegh Curran), dotée des mêmes pouvoirs que lui, le contacte pour l’informer qu’un groupe, The True Knot (Le Nœud Vrai, en français), recherche des gens comme elle et lui afin de se nourrir de leur âme. Danny fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger Abra et se débarrasser de ces êtres abjects.

Ceux qui sont habitués au cinéma de Mike Flanagan retrouveront sa patte habituelle. La réalisation et la direction photo des films de Flanagan lui sont si propres qu’il est impossible de ne pas remarquer des similitudes entre chacune de ses œuvres. C’est toujours le cas avec Doctor Sleep, qui bénéficie de plans léchés et travaillés. Flanagan enchaîne les travellings et les panoramiques fluides, sans oublier les quelques plans séquences qu’il maîtrise à la perfection. Son film est visuellement très beau.

L’histoire est également très intéressante. On revoit certes certains des personnages de Shining dont Dany et Dick Hallorann (Carl Lumbly), mais il ne s’agit pas pour autant d’une banale suite. C’est une nouvelle aventure avec les mêmes personnages, et elle est très originale. Ceux qui s’attendent à une pure suite de Shining seront peut-être déçus.

Par ailleurs, il est souvent difficile d’adapter Stephen King sans tomber dans le kitsch. Ce qui paraît effrayant dans ses romans ne passe pas nécessairement bien à l’écran. Doctor Sleep n’y échappe pas. Lorsque des personnages meurent, une vapeur sort d’eux et ça semble un peu ridicule lorsqu’on la voit à l’écran, mais c’est seulement un détail. Flanagan a eu d’autres idées bien amenées dans son film qui s’inscrivent parfaitement dans l’univers de King. C’est le cas de la représentation allégorique de l’esprit humain sous la forme d’une bibliothèque géante, qui a déjà été montrée dans une autre adaptation, Dreamcatcher (2003).

De surcroît, on développe une empathie envers les personnages principaux. On veut que Dany se sorte de sa dépendance à l’alcool. On espère que la petite Abra évoluera correctement avec ses pouvoirs. Il pourrait même ne pas y avoir d’antagonistes ; voir les personnages vivre leur vie serait satisfaisant.

On obtient ce résultat grâce aux dialogues bien écrits, mais surtout grâce aux acteurs qui font un travail formidable. Ewan McGregor (Trainspotting) est transcendant dans son rôle et la petite Kyliegh Curran est terriblement attachante. La palme va au jeune Jacob Tremblay (Before I Wake, The Predator) qui n’apparait certes pas longtemps à l’écran, mais dont la scène est extrêmement marquante. Il est impossible de ne pas réagir face à sa courte mais intense performance. Seule ombre au tableau : Emily Alyn Lind (Lights Out, The Babysitter), dans le rôle d’une jeune femme fraîchement engagée chez The True Knot, nous offre une interprétation fade et peu inspirée.

Il n’y a qu’un réel défaut à Doctor Sleep : le dernier acte. Flanagan a voulu réconcilier le livre de King avec sa version cinématographique (détestée par l’auteur). Il y arrive très bien, mais cet acte est beaucoup plus faible que le reste du long-métrage. De plus, nous avons droit à certaines scènes plutôt inutiles et assez longues pour faire principalement du fan service. Cet acte aurait pu être raccourci, voire même carrément modifié.

Or, tout cela n’enlève rien à la qualité générale de Doctor Sleep. Sans être un chef-d’œuvre, il demeure un excellent divertissement, très original. C’est un succès de plus pour Mike Flanagan, qui est parvenu  à réconcilier Stephen King avec le film Shining.

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One Response to Doctor Sleep (2019)

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