Child’s Play (2019)

Réalisé par : Lars Klevberg

Ecrit par : Tyler Burton Smith

Avec : Mark Hamill, Aubrey Plaza, Gabriel Bateman

Les remakes ont rarement la cote auprès des fans. En effet, on est en droit de se dire que lorsqu’un film est bon, voire excellent, où est l’intérêt de le refaire ? Avec la série Child’s Play, la situation est encore plus aberrante puisque Don Mancini n’a jamais arrêté de faire des films mettant en vedette Chucky. D’ailleurs, le dernier opus, Cult of Chucky (2017), a bénéficié de très bonnes critiques. Alors, pourquoi relancer la franchise alors qu’elle se porte bien ? Pour une histoire de droits, tout simplement. Mancini a même déclaré plusieurs fois que c’était honteux de faire ça à sa franchise, à son bébé. Mais malgré cela, la nouvelle mouture vaut-elle la peine qu’on lui laisse une chance ? Oui et non !

Andy (Gabriel Bateman) est un pré-adolescent qui vient d’emménager dans un nouveau quartier avec sa mère, Karen (Aubrey Plaza). Il n’a aucun ami et passe ses journées sur son téléphone portable jusqu’au jour où sa mère lui apporte une poupée nommée Chucky, un jouet interconnecté avec tous les appareils de la maison. Le problème est que Chucky veut absolument être l’ami d’Andy…à n’importe quel prix.

Personnellement, je n’avais rien contre l’idée d’un remake de Child’s Play. Tant qu’un film est bon, qu’il soit une suite, un remake, une histoire originale ou un reboot, je suis content. Ce nouveau chapitre aurait même pu porter un autre nom que Child’s Play tant le scénario et le ton sont différents. Certes, on se retrouve dans un grand immeuble à appartements situé dans un quartier défavorisé avec un visuel un peu semblable au premier film, les noms des personnages sont les mêmes et Karen est vendeuse dans une boutique, mais les ressemblances s’arrêtent là. Child’s Play version 2019 raconte une toute nouvelle histoire.

D’abord, la poupée est probablement le meilleur élément du film. Chucky, malgré un visuel affreux à première vue, est fantastique. On s’attache à lui et, par moments, on a presque l’impression d’être dans un épisode de Black Mirror où une intelligence artificielle apprend ce qu’elle a le droit ou non de faire. On ne peut s’empêcher d’avoir de l’empathie à l’égard de Chucky lorsque Andy le punit en le mettant dans une armoire. La relation entre la poupée et Andy est très bien menée et il aurait intéressant de mettre toute l’emphase du film sur cet aspect.

De plus, Chucky est très effrayant. Lorsqu’il se tient dans un coin de la chambre et imite les miaulements de chats ou lorsqu’il chante la chanson Buddy (la voix de Mark Hamill aidant), la chair de poule nous guette.

Du côté des acteurs, Gabriel Bateman (Lights Out) s’en tire bien. On croit sans problème à l’amour qu’il porte à Chucky durant les cinquante premières minutes du film. Même Aubrey Plaza (Life After Beth), que je ne porte pas particulièrement dans mon cœur, s’en sort très bien dans le rôle d’une mère plutôt indigne, mais aimant son fils.

Malheureusement, les bons côtés s’arrêtent là. A partir d’une certaine scène dans laquelle sont impliqués une pastèque et un masque, on change complètement de registre. Le film qui adoptait jusque-là un ton très sérieux devient une série B. Il n’y a pas de mal à cela habituellement ; il existe de très bonnes séries B, notamment Cult of Chucky, mais la rupture est tellement soudaine avec la première moitié que cela en déconcertera plus d’un.

En vérité, le problème n’est pas là. En tombant dans la série B, le film adopte un côté loufoque, voire puéril, très désagréable. On se croirait carrément dans un film pour enfants avec du gore. Voulant surfer sur la vague des œuvres comme Stranger Things, les cinéastes ajoutent des personnages amis d’Andy qui agissent comme des clowns et qui auraient davantage leur place dans un film de Disney Channel. Ça fonctionne avec Stranger Things parce que l’équilibre entre la comédie et le drame est parfait, ce qui n’est pas du tout le cas pour Child’s Play.

Pourtant, le film réussit à marier humour et horreur lors de sa première moitié. Quelques scènes font sourire et nous permettent de nous attacher aux personnages. Or, après la rupture de ton, on tombe dans le grandguignolesque avec des scènes absurdes, comme lorsqu’une femme est coincée dans une voiture autonome et enchaîne les one-liners à vitesse grand V, ou quand Andy veut cacher les crimes de Chucky à sa mère.

De surcroît, Child’s Play a un énorme potentiel, mais n’arrive jamais à satisfaire. Dans cette mouture, Chucky est connecté aux autres appareils électroniques (télévisions, voitures, jouets, etc.) Certes, on voit quelques exemples de ce qu’il peut faire mais, à la fin, on était en droit de s’attendre à un véritable carnage, surtout que la scène finale se déroule dans un magasin avec de nombreux jouets électroniques. On en a bien un, mais ça aurait pu être beaucoup plus grandiose. « Vas-y que je contrôle quatre drones et deux poupées oursons ! » Ce n’est pas suffisant.

C’est dommage puisque le début du film était excellent. Tout était là pour plaire, mais c’est une amère déception. Je m’en tiendrai désormais au Chucky de Mancini, la seule et véritable poupée du mal.

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