Halloween (2018)

Réalisé par : David Gordon Green

Ecrit par : David Gordon Green, Danny McBride, Jeff Fradley, d’après les personnages créés par John Carpenter et Debra Hill

Avec : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak, Will Patton, James Jude Courtney

Lorsque j’ai appris qu’un nouveau Halloween était en projet, je n’ai pas immédiatement sauté de joie. Le Halloween 2 de Rob Zombie était si mauvais qu’il m’avait tenue éloignée de Michael Myers pendant un temps. Mais, lorsque j’ai appris que Jamie Lee Curtis était de retour, un frisson d’excitation m’a parcourue. En effet, j’avais été très déçue par le sort qui lui avait été réservé dans Halloween : Resurrection, le temps d’une scène qui ne rendait pas du tout -mais alors là pas du tout !- justice au personnage, surtout après le génial Halloween H20… Alors, ce Halloween H40, une bonne ou une mauvaise idée ?

Laurie Strode ne s’est jamais remise de la sauvage tentative de meurtre dont elle a été victime quarante ans plus tôt. Elle a depuis sombré dans la psychose et vit recluse dans une maison mieux gardée que Fort Knox. Sa vie entière tourne autour de Michael Myers, le serial killer qui l’a prise pour cible alors qu’elle n’avait que 17 ans. Alors que celui-ci, enfermé dans un établissement pénitentiaire depuis quatre décennies, s’apprête à être transféré, Laurie a le terrible pressentiment que l’épopée meurtrière de Michael est loin d’être terminée…

Tout d’abord, je dois bien avouer que j’ai été un peu déçue de constater que les scénaristes avaient décidé de ne plus faire de Laurie et Michael des frère et soeur. Cette révélation, que l’on découvrait dans Halloween 2, donnait, à mon sens, une dimension supplémentaire à l’histoire. Ce lien de sang entre les deux personnages les connectait d’une manière particulière, que je trouvais fascinante et effrayante à la fois.

Cette petite déception passée, restait le personnage de Laurie, pour lequel j’ai toujours eu beaucoup d’affection (Halloween H20 y est pour beaucoup). Au début, j’ai eu des difficultés à appréhender le personnage. J’avais beaucoup de mal à me dire que cette Laurie-là n’avait eu aucun contact avec Michael depuis cette seule et unique attaque, et que le psychopathe n’était pas son propre frère, donc. Puis est arrivée la scène du restaurant, où une Laurie très perturbée rejoint sa famille au restaurant pour le dîner. Cette scène, profondément déchirante, m’a beaucoup touchée et a marqué, pour moi, un véritable tournant dans le film. J’ai soudain cru à ce personnage, je l’ai compris, et je me suis liée à lui. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que j’ai pu réellement m’impliquer dans le film. Cela explique sans doute aussi pourquoi les (malheureusement) nombreux défauts du film ont trouvé grâce à mes yeux…

M’étant déjà longuement étendue sur tout le bien que je pensais de Jamie Lee Curtis dans ma critique de Halloween H20 (ici), je ne vais donc pas me répéter, mais sachez que ce Halloween ne déroge pas à la règle : elle y crève l’écran.

Pour ce qui est des autres personnages, ils sont pour la plupart sympathiques (spécialement les amis d’Allyson) ; leurs dialogues sont fluides et souvent drôles. Un petit manque de charisme est toutefois à déplorer du côté d’Andi Matichak, qui interprète Allyson, la petite-fille de Laurie. Judy Greer, elle, bien que plus talentueuse, est cruellement sous-utilisée dans le rôle de Karen Strode, qui a pâti durant toute son enfance de l’obsession de sa mère pour Michael Myers. D’ailleurs, même si j’ai bien conscience qu’il s’agit d’un slasher et non d’un drame familial, la relation de Laurie avec sa fille aurait mérité d’être un peu plus exploitée. Je suis un peu restée sur ma faim de ce côté-là.

Une autre chose qui m’a déplu dans ce film est sa scène d’ouverture. Elle m’a fortement dérangée car je n’ai pas du tout apprécié le fait que Michael Myers, véritable symbole du Mal, nous soit présenté comme étant un simple petit vieux ordinaire (même si son visage n’est jamais entièrement montré). Insister sur son aspect humain n’est pas ce que je voulais voir, je trouve même que ça le rend moins effrayant.

En plus de cela, le film souffre d’un nombre impressionnant de facilités scénaristiques plus que douteuses : Michael est transféré pile à la date anniversaire de ses meurtres ; il tombe nez à nez avec nulle autre que la petite fille de Laurie ; la baby-sitter tuée est la meilleure amie de cette dernière, Michael trouve en un clin d’œil la maison de Laurie…et j’en passe. Pas hyper grave mais agaçant.

Toutefois, cette nouvelle mouture regorge également de sympathiques clins d’œil au premier film : la chute depuis le balcon (de Laurie cette fois, qui disparaît ensuite), le corps recouvert d’un drap blanc, la scène dans la classe, où la petite fille de Laurie regarde par la fenêtre et aperçoit… sa grand-mère, et non pas le tueur, comme cette dernière 40 ans plus tôt… Mais ce Halloween ressemble aussi à Halloween H20 par bien des aspects, malgré sa volonté de s’en distancer (la scène des toilettes, évidemment, mais surtout la façon dont Laurie gère son traumatisme, et sa relation difficile avec son enfant, déjà abordés dans H20 mais poussés à leur paroxysme dans la version de 2018.

Il faut enfin reconnaître que les scènes de meurtres manquent, pour la plupart, de suspense et de mordant. Si ce film est censé représenter la renaissance du slasher, on était en droit d’attendre davantage de tension dramatique dans l’exécution des victimes de Michael. De plus, certaines scènes, carrément kitchs, font tache dans le film. Je pense notamment au moment où la petite fille de Laurie se trouve entourée de mannequins, mais surtout de la scène impliquant le docteur qui s’est occupé de Michael après la mort du Dr. Loomis (cette scène est ridicule à souhait ; fort heureusement, le scénariste s’arrête à temps et nous épargne le pire).

En écrivant cette critique, je me rends compte que j’ai soulevé bien plus de points négatifs que de positifs, et pourtant, lorsque je suis sortie de la salle de cinéma, mon sentiment à l’égard du film était bienveillant (je ne me l’explique pas, mais c’est ainsi). J’ai passé un bon moment, même s’il s’agit donc d’une semi-déception (je n’ai pas eu le film coup de poing que j’attendais). Ce qui est sûr, c’est que le joli personnage de Laurie Strode est la grande force de ce Halloween, quarante ans après.

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