Scream (2022)

Réalisé par : Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin

Ecrit par : James Vanderbilt et Guy Busick, d’après les personnages créés par Kevin Williamson

Avec : Jenna Ortega, Melissa Barrera, Dylan Minnette, Jack Quaid, David Arquette, Courteney Cox, Neve Campbell

Scream (1996) est mon film préféré toutes catégories confondues depuis plus de vingt ans. J’allais sur mes douze ans lorsque j’ai vu le film pour la première fois, et ce fut un choc, dans le bon sens du terme. Depuis lors, ce long métrage est devenu une véritable passion pour moi, mais pas seulement : c’est grâce à Scream que je suis devenue fan de Wes Craven, des slashers, et du cinéma d’horreur en général. Avec la sortie du deuxième volet (que j’ai découvert en VHS, faute d’être assez âgée pour entrer dans le cinéma), puis du troisième (que j’ai cette fois pu apprécier en salle), et enfin du quatrième dix ans plus tard, je peux dire qu’une bonne partie de ma vie a été marquée par ces films dont je connais chaque scène, chaque réplique.

Ainsi, quand la mise en chantier d’un cinquième volet de la franchise Scream a été annoncée, ma première réaction a été un refus catégorique. En effet, sans Wes Craven (hélas décédé en 2015), je ne voyais pas du tout l’intérêt de poursuivre la saga (et ce même si Kevin Williamson était d’ores et déjà annoncé à la production). Puis, lorsque les trois acteurs emblématiques des premiers volets ont embarqué dans l’affaire, mon amour pour ces personnages a eu raison de mon scepticisme, et j’ai commencé à être vraiment excitée par le projet. Erreur de débutante. J’aurais dû m’en tenir à ma première impression, et me tenir loin de ce navet.

Dix ans ont passé depuis les derniers meurtres qui ont ensanglanté la petite ville de Woodsboro. Mais, après l’agression de la jeune Tara à son domicile, la peur s’empare des habitants : et si Ghostface était de retour ?

Avant de voir ce cinquième volet, j’ai lu plusieurs interviews des réalisateurs, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, qui n’avaient de cesse de répéter leur passion pour la saga, leur admiration pour Wes Craven, et leur volonté de créer une véritable lettre d’amour aux précédents films et au genre. Je vous préviens tout de suite : ce Scream n’est absolument rien de tout ça, et en est même à l’opposé : c’est une insulte pour quiconque a un tant soit peu de respect pour ce qu’ont créé Craven et Williamson ces vingt-cinq dernières années.

Absolument rien, dans ce film, ne témoigne d’un tant soit peu de connaissance et surtout de compréhension des films précédents. Se contenter de citer les noms des précédents personnages et leur créer un soi-disant lien de parenté avec les personnages actuels ne représentent en rien un hommage aux opus précédents ! « Je suis la nièce de Randy, et lui c’est le neveu de Stuart, bonjour ! », mais ça rime à quoi ? C’est du fan service tout ce qu’il y a de plus artificiel. Chaque référence à la franchise tombe à plat, et ne sert absolument à rien.

Ce film ne parvient jamais à faire ce que Scream 4 avait réussi avec brio : conserver l’âme de la saga tout en lui insufflant un souffle de modernité.

De quel droit s’empare-t-on d’une franchise culte depuis 25 ans pour ainsi la défigurer ? Comment peut-on se déclarer fan et trahir de la sorte tout ce qui fait le cœur de la série ?

Et, par-dessus le marché, appeler ça un « hommage à Wes Craven » fait figure d’un beau crachat en plein visage. Je comprends ce que les fans purs et durs d’Halloween ont dû ressentir face au catastrophique Halloween Kills il y a quelques mois.

Le film commence mal, avec une scène d’ouverture qui ressemble à s’y méprendre aux fausses scènes d’ouverture issues des Stab présentes au début de Scream 4. Du bla bla pseudo intello sur le genre horrifique, aussi artificiel que mal amené, qui annihile tout tentative de tension.

Cette scène d’ouverture ne fait qu’annoncer tout ce à quoi on aura droit dans le film : une analyse du cinéma d’horreur pas subtile pour un sou, qui nous est fourrée au fond de la gorge à grand renfort de dialogues tous plus mal écrits les uns que les autres. Le comble est que le film met en pratique absolument tout ce qu’il croit critiquer ! J’ai peur de spoiler si j’en dis plus, mais sachez que toutes les critiques émises à l’égard des films d’horreur par les personnages se trouvent dans ce film, mais sans second degré aucun. C’en est presque drôle tant le film incarne tout ce que les scénaristes pensent dénoncer. 

Spoiler

Le mobile des tueurs en est le parfait exemple : ils évoquent le manque de respect des studios envers les vrais fans de films d’horreur, qui se voient sans cesse proposer des suites aux classiques de l’horreur sans queue ni tête ni originalité. Et c’est exactement ce que le film propose avec cette idée stupide de faire apparaître de nulle part la fille de Billy Loomis qui se demande si elle est, elle aussi, une psychopathe (du jamais vu). Quant au manque de respect pour les classiques, le film en est empli tant il ne respecte rien de ce qui faisait le sel des opus précédents, surtout pour ce qui est du traitement qu’il réserve aux trois vétérans. J’y reviendrai.

[collapse]

Eh oui, n’est pas Wes Craven qui veut. La réalisation est au mieux banale, au pire médiocre. Quant au montage fait à l’emporte-pièce, il rend souvent le film encore plus pénible à regarder. L’absence de Marco Beltrami à la musique se fait également cruellement ressentir. Mais tout cela n’est rien lorsque l’on considère le reste des tares qui pèsent sur le film.

D’abord, il faut parler du scénario, qui est tout simplement digne des Feux de l’Amour. Dès le départ, les scénaristes, James Vanderbilt et Guy Busick, osent s’aventurer sur un terrain que je n’aurais jamais cru possible non seulement dans un Scream, mais surtout dans un film d’horreur en 2022. Une pure honte, non seulement pour les fans que l’on prend clairement pour des débiles, mais surtout un manque de respect envers le premier film, qui est sérieusement malmené. 

Spoiler

Je parle ici de l’idée d’inventer une progéniture à Billy Loomis, et des « visions » de son père qu’a l’héroïne, aussi mal faites que ridicules. Je regrette le temps où les visions que Sidney avait de sa mère dans le 3e volet me faisaient dresser les poils.

[collapse]

Le plus triste dans cette histoire est le traitement réservé aux personnages, surtout aux trois anciens, Sidney, Dewey et Gale. Pour les plus chanceux d’entre eux, ils ne servent absolument à rien, sinon à venir faire un gentil coucou aux fans sans aucun impact sur le scénario. Les autres voient tout simplement leur personnage pourtant si merveilleux tout bonnement gâché à jamais, tant l’usage qui en est fait est risible. Avoir les trois acteurs originaux qui acceptent de rempiler sans Wes Craven était inespéré, c’était une véritable mine d’or pour les scénaristes, qui avaient la possibilité d’imaginer un nouveau chapitre de la vie de ces personnages que le public adore, mais ils n’en font rien, et les réduisent à l’état de faire-valoir sans âme ni intérêt. Je me pose dès lors la question : qu’est-ce que Neve Campbell, David Arquette, Courteney Cox, et même Kevin Williamson sont venus faire dans cette galère ? L’appât du gain ne justifie pas tout, si ?

Pour ce qui est des autres personnages, la « nouvelle génération », c’est la cata intégrale. Les personnages ne sont ni sympathiques ni intéressants. A aucun moment on ne parvient à se soucier de leur sort. Cet état de fait est encore renforcé par le fait qu’aucun des acteurs ne bénéficie d’un tant soit peu de charisme. Le seul qui surnage est Dylan Minette, qui incarne Wes, le fils de la shérif Judy Hicks, déjà présente dans Scream 4. Son personnage est le seul qui fait preuve d’un minimum de bon sens, et le voir devenir le nouveau Sidney, le « final boy », aurait même pu être une bonne idée. Surtout que l’héroïne à laquelle on a droit, nommée Sam Carpenter, est tout bonnement insupportable, une vraie tête à claques aussi agréable qu’une porte de prison.

Pour terminer, la révélation finale, moment emblématique de tout Scream qui se respecte, est mal amenée, mal exécutée, et n’a absolument aucun sens. L’identité de Ghostface n’est qu’une déception de plus, dont on se fout un peu, au final. Ni l’identité du tueur ni son mobile ne tiennent la route. Moi qui trouvais Ghostface plutôt brutal et effrayant dans le film, je dois dire que découvrir qui se cachait sous le costume n’a fait que gâcher tout ça, tant il est impossible que ce soit cette personne qui commette les meurtres. On nous prend vraiment pour des abrutis. De plus, le fait que le personnage qui s’avère être le tueur soit totalement insignifiant (et l’acteur qui l’incarne, d’ailleurs) n’aide pas. Ce manque de panache n’est pas représentatif des Scream ! Le dernier acte est tout bonnement un ramassis de rebondissements et dialogues tous plus risibles les uns que les autres.

En somme, Scream 5, c’est ce qu’aurait donné le premier Scream sans le génie de Williamson et Craven. C’est Stab, en fait. Et s’ils ont l’indécence de poursuivre la franchise sur des bases aussi pourries, je n’ose imaginer ce que cela pourrait donner.

Voilà, maintenant que j’ai évacué toute la colère, la tristesse et la déception que j’avais sur le cœur, je peux me réfugier dans le déni et jurer dur comme fer que ce film n’a jamais existé. Il me reste toujours les quatre premiers volets, que ce Scream 5, malgré ses tentatives de destruction de l’œuvre originale, ne pourra jamais m’enlever.

This entry was posted in s and tagged , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *