Channel Zero – Saison 3 Butcher’s Block (2018)

Réalisé par : Arkasha Stevenson

Ecrit par : Nick Antosca

Avec : Olivia Luccardi, Holland Roden, Rutger Hauer

Si vous avez lu mes critiques des deux premières saisons de Channel Zero (ici et ici), vous savez à quel point je suis fan de cette série et, surtout, des « creepypasta », ces légendes urbaines modernes. Pour cette troisième saison, c’est Search and Rescue (lire l’histoire ici) qui est portée à l’écran. Cette histoire raconte les mésaventures d’un garde forestier qui vit toute une série de péripéties au cœur de la forêt, et qui se retrouve notamment face à de lugubres escaliers qui ne mènent nulle part et qui apparaissent en plein milieu des arbres. La force de ce « creepypasta » est énorme puisque les éléments horrifiques sont nombreux et très diversifiés. La troisième saison a-t-elle réussi à me séduire en utilisant le plein potentiel qui lui a été offert ?

Alice (Olivia Luccardi) et Zoé (Holland Roden) sont deux jeunes adultes fraîchement arrivées à Butcher’s Block, une petite ville délabrée et quasi-abandonnée aux faux airs de Détroit. Alice est déterminée à refaire sa vie et à épauler au mieux sa sœur, Zoé, souffrant de schizophrénie. Rapidement, les deux filles se rendront compte que quelque chose cloche dans cette ville, et qu’une force surnaturelle s’empare des habitants les plus démunis…

Vous ne voyez pas le lien entre le « creepypasta » original et le synopsis de cette troisième saison ? Non ? Eh bien c’est parce qu’il n’y en a pas vraiment. On a évidemment les étranges escaliers qui apparaissent au milieu de nulle part, mais c’est là que s’arrête la comparaison. Ils ont même changé le nom de l’histoire. C’est dommage puisque, même si Butcher’s Block possède de nombreuses qualités, force est d’admettre que cette saison aurait pu être bien meilleure.

D’abord, on se concentre énormément sur le thème de la maladie mentale et plusieurs parallèles sont faits entre les éléments surnaturels se déroulant dans la ville et la schizophrénie de Zoé. Ce n’est pas forcément un défaut lorsque le tout est écrit avec suffisamment de subtilité. Il n’y a qu’à porter un regard sur la seconde saison pour s’en rendre compte, alors qu’elle portait essentiellement sur la perte d’un proche. Or, dans Butcher’s Block, la pilule est très difficile à avaler, car tout est à prendre au premier degré. En effet, la maladie est personnifiée par le biais d’une créature absurde à grosses joues. Soit vous adorerez, soit vous détesterez.

Par ailleurs, on a beaucoup de mal à se croire dans une ville. On voit toujours les mêmes personnages, et le manque de figurants se fait parfois sentir. C’est le cas lorsqu’on se trouve dans un hôpital complètement désert alors qu’il est pourtant toujours fonctionnel. On nous donne bien une explication, mais ce n’est pas suffisant pour maintenir un niveau de réalisme satisfaisant.

De plus, certains personnages qui habitent la ville depuis leur naissance semblent surpris lorsque des évènements surnaturels se produisent, alors que ceux-ci sont apparemment fréquents. Comment peuvent-ils être aussi aveugles ? Alice et Zoé, elles, remarquent ces évènements dès le deuxième jour de leur arrivée…

La troisième saison a également du mal avec les flashbacks. Alors que c’était l’une des forces de la première saison, c’est une faiblesse dans celle-ci. En fait, il n’y a qu’un seul flashback, mais on le voit constamment, chaque fois révélant un petit détail supplémentaire. La réalisatrice veut piquer notre curiosité en utilisant cette technique, mais ça ne fonctionne pas. D’une part, contrairement à la première saison, ce flashback n’a pas de lien direct avec l’histoire principale et on finit par attendre impatiemment que ça se termine. D’autre part, la révélation n’en vaut vraiment pas la peine.

Par contre, tout n’est pas raté dans cette saison. Premièrement, Butcher’s Block est l’œuvre la plus lovecraftienne qui ait été créée. Oubliez les films de Stuart Gordon qui se basent sur les nouvelles de Lovecraft, Butcher’s Block propose une histoire dans laquelle se mêle culte, créatures surnaturelles et entité divine plus ancienne que l’univers aux pouvoirs insoupçonnés. Cette peur de l’inconnu et des secrets anciens que Lovecraft nous offre dans ses récits se retrouve à la perfection dans cette troisième saison de Channel Zero.

De surcroît, le réalisateur Arkasha Stevenson exploite de manière très particulière les images portées à l’écran. Alors que l’on voit des festins de viandes rouges et sanglantes, le tout est filmé avec délicatesse et de manière presque poétique. Cela fait grandir un malaise chez le spectateur devant cette décadence de nourriture crue et ingérée par les différents personnages.

Il faut aussi mentionner que les deux actrices principales, Olivia Luccardi (It Follows) et Holland Roden (Teen Wolf), s’en tirent avec brio. Leur rôle est complexe et elles réussissent à dévoiler toutes les facettes de leur personnage. On peut douter de la performance de Roden au début, alors que la maladie ronge sa santé mentale, mais elle surprend malgré tout au fur et à mesure que les épisodes passent.

Il est simplement dommage que ces qualités soient gâchées par une finale manquant cruellement d’audace et de cohérence, tout comme certains passages de cette saison, comme si le showrunner avait peur que l’on soit choqué par les évènements. Pourtant, ce ne sont pas les moments chocs qui manquaient dans les deux premières saisons.

En général, cette saison, malgré son infériorité par rapport aux saisons précédentes, est plutôt réussie. Il est toutefois dommage que le potentiel de l’histoire originale ait été gâché. Par contre, il est intéressant de voir que cette saison ne ressemble en rien aux deux autres et que la série réussit à se renouveler assez facilement au niveau de l’originalité. Il n’y a, en effet, pas le moindre sentiment de déjà-vu. Vivement la quatrième saison !

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