Insidious : The Last Key (2018)

Réalisé par : Adam Robitel

Ecrit par : Leigh Whannell

Avec : Lin Shaye, Leigh Whannell, Angus Sampson, Caitlin Gerard et Spencer Locke

Je dois avouer que Insidious : The Last Key était une de mes plus grandes attentes de l’année. Je m’étais dit que, même s’il n’était pas aussi réussi que les précédents, j’allais au moins passer un agréable moment avec des personnages qui m’étaient chers. Après tout, les trois premiers chapitres étaient très bons, le scénariste restait le même et le réalisateur, Adam Robitel, avait déjà réalisé une œuvre satisfaisante avec The Taking of Deborah Logan (2014). Que pouvait-il mal se passer ? Et bien tout ! Insidisous : The Last Key est la plus grande déception que j’ai eue depuis des lustres. C’est une insulte pour les fans, pour la série et pour tout spectateur ayant le désir de le voir !

Après les évènements du troisième chapitre mais avant ceux du premier (je sais, ça commence à être compliqué), Elise (Lin Shaye) reçoit un coup de fil. Un homme a besoin de son aide. En effet, sa maison est hantée. Il y a cependant un léger problème : il s’agit de l’ancienne demeure dans laquelle Elise a elle-même vécu enfant. Et elle sait que cette maison est un vrai nid à fantômes de toutes sortes. Aidée de Specs (Leigh Whannell) et Tucker (Angus Sampson), elle tentera d’exorciser ses démons du passé pour pouvoir enfin passer à autre chose.

Dans toute intrigue, que ce soit au cinéma ou en littérature, il y a un principe qui revient pratiquement tout le temps : le protagoniste vit des péripéties qui lui font passer d’un état positif à un état négatif et vice-versa. Par exemple, une famille aisée pour qui tout va bien (positif) se retrouve à la rue le lendemain à cause d’une erreur gouvernementale (négatif). Une suite d’évènements les baladera entre les deux extrêmes jusqu’à un climax qui finira bien ou mal. Une intrigue où tout va bien ou tout va mal empêchera généralement le spectateur de s’investir et ressentir de l’empathie pour le protagoniste.

En choisissant de situer Insidious : The Last Key entre deux chapitres, Leigh Whannell (Insidious, Saw) prenait un risque puisqu’on sait que les personnages s’en sortiront, nous empêchant ainsi de nous en faire pour eux. Il l’avait déjà fait pour Insidious : Chapter 3 (2015) et ça avait fonctionné, mais simplement parce que les protagonistes principaux étaient de nouveaux personnages et que l’on ne connaissait pas leur sort au final. Dans Insidious : The Last Key, puisqu’on sait que les personnages reviennent dans le futur, il est impossible de s’investir dans leurs aventures. Malgré les nombreuses péripéties, nous serons maintenus dans un état positif pour toute la durée du film parce que nous savons que ça ne peut pas mal se terminer. Par exemple, Tucker doit mettre son bras dans une ouverture où se trouve un énorme ventilateur. On essaie de nous mettre de la tension, nous faisant croire que les pales vont peut-être lui déchiqueter le bras, mais c’est peine perdue puisqu’on sait que ce personnage ne se retrouve pas avec un membre en moins dans les aventures suivantes. Donc, le film démarre déjà avec une épine dans le pied.

Pour contrer ce problème, on nous propose donc des personnages supplémentaires qui se retrouveront en danger. Le problème majeur, c’est que ceux-ci sont relégués au niveau de personnages secondaires oubliables. Ils arrivent en milieu de parcours, leurs motivations sont ambiguës et leurs réactions, lors de certaines scènes, sont totalement inappropriées. Bref, aucun attachement émotionnel n’est permis de ce côté-là non plus.

Le scénario pourrait, pour se rattraper, jouer sur la fibre nostalgique. Leigh Whannell essaie, tant bien que mal, d’ajouter des scènes nous rappelant les meilleurs éléments des autres chapitres, mais c’est plus insultant qu’autre chose. Par exemple, la scène d’hypnose (une des meilleures à mon avis) du premier opus est reprise, mais c’est tellement fait à la va-vite et mêlé à une tentative d’humour maladroite que c’en est gênant. Par ailleurs, on tente, tant bien que mal, de relier ce film avec la première œuvre, mais on sent que c’est forcé et que ça n’a rien à faire là.

Le film essaie aussi de poursuivre le combat émotionnel que vit Elise, comme c’était le cas dans le troisième film avec son mari, mais cette fois avec sa famille. Et à nouveau, c’est un élément raté. On ne croit pas une seconde à l’attachement émotionnel qu’elle a envers son frère, son père ou sa mère. On a même plutôt l’impression que les artisans du film sous-estiment intellectuellement les spectateurs. On nous insère des phrases « flashbacks », ces dialogues que l’on entend à un certain moment du film et que l’on réinsère en voix « off » pour nous rappeler ce que ressent le personnage à l’écran. Par exemple, Elise se retrouve face au monstre qu’elle doit combattre et on entend la voix de son frère et de sa mère afin que l’on puisse comprendre ses émotions. Cette technique est inutile, surtout qu’elle donne l’impression que l’on nous prend pour des idiots incapables de comprendre les enjeux sans ces dialogues.

Parlant du monstre, il constitue un des seuls éléments positifs du film. Son design est bien réussi avec ses longs membres et ses doigts se terminant par des clés. Il apporte une dimension intéressante et une mythologie mystérieuse. C’est simplement dommage qu’il soit complètement inexploité. En effet, on ne le voit pratiquement jamais et il ne fait, au final, pas grand-chose. On aimerait en voir plus, savoir d’où il vient, quelle est l’étendue de son pouvoir, mais le scénario se penche sur d’autres éléments de l’histoire.

Dans un autre ordre d’idées, le film est ponctué de moments humoristiques qui ne fonctionnent pas. Les personnages de Specs et Tucker étaient des « comic-relief » dans les autres chapitres, permettant de relâcher une tension omniprésente. Maintenant propulsés au niveau de personnages principaux, ils sont insupportables. Des gens sont en danger de mort et ils continuent de faire leurs blagues minables. Ça ne relâche pas la tension, ça la détruit complètement. On se croirait même par moments dans un épisode de Scooby-Doo tellement tout est pris à la plaisanterie.

Il faudrait aussi rappeler à Adam Robitel (The Taking of Deborah Logan), le réalisateur, que nous ne sommes plus au début des années 2000 et que les techniques pour effrayer les spectateurs ne sont plus les mêmes. En effet, les différents fantômes et créatures se déplacent de manière saccadée, comme les esprits d’un « remake » américain d’un film asiatique. Ce n’est tout simplement pas nécessaire. Par ailleurs, mis à part deux plans efficaces en caméra suggestive, Robitel ne sait pas comment faire peur autrement qu’en nous envoyant des « jump scares » prévisibles ponctués de musique stridente. Un ou deux passeraient encore, mais lorsque toutes les scènes horrifiantes se terminent comme ça, on est en droit de se demander si le réalisateur sait ce qu’il fait.

On se demande aussi s’il sait diriger ses acteurs. Ceux-ci agissent de manière tellement étrange et déplacée dans certaines scènes qu’il est impossible de ne pas se poser la question. Par exemple, alors qu’Elise risque de mourir et qu’un des personnages doit passer dans le « further », ce dernier sourit et rit comme si c’était une balade de plaisance. Était-ce si difficile de retourner cette scène en demandant aux acteurs de jouer plus sérieusement ? Plusieurs autres moments vous feront sans doute hausser le sourcil et vous faire crier « Mais pourquoi ? ».

Je sors de cette expérience déçu et dégoûté. Dès l’apparition du titre, on comprend que ce ne sera pas du même niveau que les autres. Par contre, je ne m’attendais pas à un ratage si complet. Insidious: The Last Key est indigne de porter ce titre, il est indigne de se trouver en salles et il est indigne de porter la signature de tant de gens de talent.

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