Unhinged (Enragé) (2020)

Réalisé par : Derrick Borte

Ecrit par : Carl Ellsworth

Avec : Russell Crowe, Caren Pistorius, Gabriel Bateman

Je dois vous avouer une chose : non seulement, je ne suis toujours pas détentrice du permis de conduire, mais en plus, l’idée même de conduire mon propre véhicule est une chose qui me terrifie. Si vous êtes dans mon cas, sachez que ce n’est pas ce film qui vous décidera à sauter le pas…

Comme tous les jours, Rachel est en retard : en retard au travail, en retard pour déposer son fils à l’école. Pour ne rien arranger, les embouteillages qui paralysent la ville mettent les automobilistes à fleur de peau. Lorsqu’elle klaxonne rageusement un conducteur un peu trop lent, elle est loin de se douter qu’elle va devenir la proie d’un psychopathe bien décidé à lui faire passer la pire journée de sa vie…

Je n’ai jamais été une grande fan de Russell Crowe (The Mummy). Il ne me semble nullement sympathique, et sa filmographie ne m’a jamais grandement intéressée. Je dois pourtant admettre qu’ici, il est très bon dans le rôle de déséquilibré misogyne et au bout du rouleau. Sa respiration sifflante, son front perpétuellement en sueur et son regard inexpressif siéent parfaitement au personnage dont la folie a atteint le point de non-retour et qui n’a plus aucune retenue car il n’a désormais plus rien à perdre.

Caren Pistorius (Cargo), bien que moins expérimentée que son partenaire, n’a pas à rougir de sa performance, bien au contraire. Elle lui tient la dragée haute dans un rôle qui requiert un juste équilibre entre force et vulnérabilité.

Pourtant, durant les premières minutes du film, je n’étais pas vraiment convaincue par les personnages. Etant quelqu’un de très ponctuel, à cheval sur les horaires, je n’étais pas du tout désolée pour Rachel qui se fait renvoyer car elle est constamment en retard et fait faux bond à ses clients. Je ne peux pas concevoir qu’elle ne mette pas son réveil alors qu’elle est attendue au travail et doit emmener à l’école son fils, déjà menacé de retenue à cause de ses multiples retards ! Puis les choses se sont inversées lorsque je me suis rendu compte que j’aurais probablement agi comme elle : déjà bien à la bourre, elle klaxonne violemment un véhicule qui ne démarre pas alors que le feu est vert depuis plusieurs secondes, puis elle refuse de s’excuser lorsque le conducteur dudit véhicule l’exige. Il s’agit là d’un comportement que j’aurais tout à fait pu adopter : la manque d’attention au volant m’exaspère, et surtout je ne vois pas en quoi son coup de klaxon (justifié) nécessiterait qu’elle présente des excuses au conducteur en faute ! La suite des événements va évidemment me donner tort, vous vous en doutez.

En ce qui concerne Tom Cooper, le personnage interprété par Russell Crowe, je le trouvais de prime abord beaucoup trop bavard pour être effrayant. Puis, en écoutant attentivement ses discours, il m’est apparu clairement que ses tirades étaient en fait plutôt réalistes. Il suffit en effet de s’aventurer sur Facebook et d’y lire quelques commentaires pour se rendre compte que beaucoup de gens justifient un comportement inadéquat par le fait qu’il ou elle a connu des coups durs dans sa vie et a vécu des moments difficiles. En effet, de plus en plus de personnes semblent penser que le fait d’avoir été blessé ou malmené par autrui ou par la vie est un argument valide qui les autoriserait à blesser à leur tour et à ne plus respecter les lois et les règles en vigueur dans la société. C’est peu ou prou les propos tenus par Tom, qui semble rendre responsable la terre entière (et surtout son ex-femme) de ses difficultés, mais jamais lui-même.

Une fois les personnages apprivoisés, j’ai pu m’immerger totalement dans l’action, et je n’ai pas été déçue : dieu que ce film est intense ! J’avoue que je pensais au départ avoir affaire davantage à un téléfilm qu’à un vrai film d’horreur, et j’ai été bien surprise de constater que ce n’était vraiment pas le cas. Le réalisateur se donne vraiment à fond dans les scènes d’action, surtout celles qui se déroulent sur la route, qui sont bien filmées et d’une intensité à couper le souffle. Les scènes de meurtre ne sont pas en reste, si bien que les poils se sont dressés sur mes bras à plusieurs reprises. D’ailleurs, les premiers mots qui sont sortis de ma bouche après le générique de fin ont été ceux-ci : « Purée, c’était… brutal. »

Vous pensez peut-être, à ce stade, que ce Unhinged a tout du film parfait, et je me dois malheureusement de vous détromper. Malgré tout l’amour que j’ai pour ce film, je ne peux passer outre le fait que de grosses incohérences viennent quelque peu alourdir l’ensemble. Attention, les explications qui suivent contiennent des informations susceptibles de dévoiler des éléments de l’intrigue et de vous gâcher votre plaisir si vous n’avez pas encore vu le film. 

Spoiler

Ainsi, il me semble complètement irréaliste que personne, je dis bien personne, n’essaie d’intervenir alors qu’un pauvre homme se fait froidement (et longuement) exécuter dans un restaurant fort fréquenté, en pleine journée. De même, il ne fait aucun sens que la mère de famille qui, après avoir ordonné à son fils d’aller se planquer (dans une cachette absolument géniale et introuvable par le méchant), finisse par venir le rechercher et griller sa cachette alors qu’elle sait pertinemment que le psychopathe se trouve dans la maison lui aussi. Dans la même veine, nous avons droit à une scène au cours de laquelle Rachel, poursuivie sur l’autoroute par Tom le psychopathe, appelle la police et leur dit que le malade mental qui a assassiné un homme quelques heures plus tôt et qu’ils recherchent ardemment est à ses trousses. Elle n’obtient pour toute réponse qu’un : « Désolée madame, nous ne pouvons pas traiter votre urgence » et se fait raccrocher au nez. Hum mouiiii bien sûr. Et que dire de la fin où, après avoir terrassé le méchant, l’héroïne et son fils (qui ont bien morflé tous les deux) s’entendent simplement dire qu’ils peuvent rentrer chez eux, et remontent dans leur voiture comme si de rien n’était… Tout ça pour nous offrir une espèce de leçon de morale plus que douteuse, semblant nous mettre en garde contre… les coups de klaxon ???

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Fort heureusement, ce manque évident de logique (et, oserais-je le dire, de paresse du scénario) ne nuit pas à la qualité du long métrage. Ce qui n’empêche pas le spectateur d’en être agacé.

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Unhinged m’a vraiment prise par surprise. Je n’ai appris son existence que quelques jours avant sa sortie, et je n’attendais pas grand-chose de sa part. Eh bien, des surprises comme celle-là, j’en redemande ! Si vous ne craignez pas de vous rendre dans une salle de cinéma dans les prochains jours, je ne peux que vous conseiller vivement d’attacher vos ceintures et d’embarquer dans cette course-poursuite meurtrière.

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