The Turning (2020)

Réalisé par : Floria Sigismondi

Ecrit par : Carey Hayes et Chad Hayes, d’après une histoire de Henry James

Avec : Mackenzie Davis, Finn Wolfhard, Brooklyn Prince, Barbara Marten

Le roman Le Tour d’Ecrou (1898) de Henri James est un classique de la littérature horrifique gothique. L’auteur joue habilement avec ses lecteurs qui ne savent pas s’ils doivent interpréter de façon surnaturelle ou rationnelle l’horreur qui est présentée. Bien sûr, ce court roman a été maintes fois adapté au grand écran, la version la plus connue étant sans aucun doute The Innocents (1961) de Jack Clayton. Par ailleurs, la deuxième saison de The Haunting of Hill House, qui s’inspirera de ce roman, est prévue pour l’automne 2020. Ce ne sont donc pas les adaptations qui manquent. Malheureusement, on se passerait bien de certaines, ce qui est le cas de The Turning.

Kate (Mackenzie Davis) est une gouvernante nouvellement engagée dans un gigantesque manoir pour donner cours à deux enfants, Miles et Flora, dont les parents sont décédés il y a peu. C’est le boulot parfait pour Kate, si l’on fait exception des êtres surnaturels qui rôdent aux alentours…

Si quelqu’un m’avait dit que je verrais un film aussi mauvais que Fantasy Island (lire critique ici) en 2020, je ne l’aurais pas cru et, pourtant, The Turning fait tout son possible pour atteindre le même niveau de médiocrité.

Il n’y a qu’un point positif à cette bouillie infâme : les acteurs. Mackenzie Davis (Freaks of Nature, Terminator : Dark Fate) illumine l’écran de sa présence, comme à chaque fois d’ailleurs, et réussit à rendre son personnage attachant, même s’il est terriblement mal écrit. La petite Brooklynn Price, dans le rôle de Flora, a beau n’être qu’une toute jeune fille, elle se montre extrêmement charismatique et chacune de ses interactions avec les autres personnages est parfaite. Finn Wolfhard (Stranger Things) qui joue Miles, un personnage odieux et désagréable, est l’incarnation parfaite du petit adolescent merdeux à la libido exacerbée. Ici s’arrête la liste des qualités de The Turning. Le reste est tout simplement désastreux !

Et c’est dommage parce que l’histoire de Henry James est remplie d’éléments intéressants. The Turning reprend les moments forts du roman et en développe d’autres qui pourraient être dignes d’intérêt, mais il ne va jamais au bout de ses idées. Tout reste superficiel. Par exemple, le personnage de Miles semble intéressé physiquement par Kate et le film nous montre quelques scènes qui développent cette relation malsaine. Pourtant, ça n’amène rien et on abandonne l’idée en milieu de parcours. Et pas que celle-là : tout développement intéressant est purement et simplement jeté à la poubelle.

De plus, alors que le roman présente des apparitions surnaturelles sobres (par exemple, un fantôme fixe un personnage par la fenêtre), The Turning multiplie les mauvais effets spéciaux pour tenter d’effrayer ses spectateurs.  Ainsi, la cinéaste Floria Sigismondi utilise deux images superposées pour conférer un effet fantomatique à chaque apparition, et c’est franchement affreux. Elle n’hésite pas non plus à parsemer son film de « jump scares » futiles, prévisibles et inefficaces. Je vous mets au défi de ne pas soupirer d’ennui lorsque la tête d’un mannequin tourne brusquement pour vous faire sursauter.

En fait, l’entièreté de la réalisation et du montage est douteuse. Les transitions sont louches et on le remarque dès la fin de la première scène, lorsque la caméra zoome dans l’iris d’un personnage pour ensuite se retrouver dans l’appartement de Kate. C’est d’autant plus évident lorsqu’un cheval effraie Kate : l’enchaînement de plans est très incohérent et on ne peut que se demander si tous les plans du film ont été tournés avant de passer à la post-production.

Si ce n’était que la réalisation qui était déficiente, le long-métrage pourrait encore être potable, mais le scénario plante le dernier clou dans le cercueil. Premièrement, je ne comprends pas l’intérêt de transposer l’action du film dans les années 90. C’est un décision artistique douteuse qui semble n’être là que pour surfer sur la vague des œuvres nostalgiques portées par la série Stranger Things, surtout que, excepté les vêtements et un bref clin d’œil à la mort de Kurt Cobain, rien n’indique qu’on se trouve à cette époque. Pourquoi le film ne se déroule-t-il à notre époque ? Peut-être pour éviter l’utilisation de technologies récentes comme l’ordinateur ou le téléphone portable ? Dans ce cas, pourquoi ne pas situer le tout à la fin du 19e siècle, comme l’histoire originale ? C’est à n’y rien comprendre.

Par ailleurs, les scénaristes semblent à court d’idées pour faire en sorte que Kate reste dans la maison hantée. Dans le roman, le personnage principal reste parce qu’elle est convaincue qu’elle doit protéger les enfants, et elle n’a pas peur des apparitions. Au contraire, elle est furieuse contre celles-ci puisqu’elles s’en prennent à ses protégés. Dans le film, ce n’est pas du tout abordé, et on ne comprend pas pourquoi Kate tient tant à continuer son travail. Nous avons même une scène dans laquelle elle s’enfuit du manoir, appelle sa colocataire pour lui dire qu’elle veut partir. Son amie approuve et lui demande de revenir à sa vie d’avant. Puis Kate prononce cette phrase sortie de nulle part : « Non, je ne peux pas faire ça. J’ai promis à Flora que je m’occuperais d’elle ». C’est loin d’être convaincant.

Finalement, le troisième acte complète le désastre. Nous avons droit à un twist qui ne fait absolument aucun sens. Le livre avait une fin un peu semblable, mais beaucoup plus ambiguë. Elle était parfaite, et chacun pouvait se faire sa propre idée avec les indices parsemés au cours de la lecture. Spoiler : The Turning semble nous faire croire que tout s’est passé dans la tête de Kate, qu’elle est folle. Mais si c’est le cas, pourquoi assistons-nous à des événements surnaturels alors que Kate est absente ? C’est complètement absurde. De plus, le film nous pond un générique avec quelques images dans lesquelles on pourrait croire que se cache une explication plus claire. Oh que non ! Vous ne verrez qu’une femme flotter dans l’eau durant de longues et interminables minutes.

Bref, si vous voulez une bonne adaptation du Tour d’Ecrou, oubliez The Turning. Je vous conseille plutôt The Innocents (1961), ou encore d’attendre la deuxième saison de The Hauting of Hill House qui devrait sortir prochainement et être bien meilleure.

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