Brahms : The Boy II

Réalisé par : William Brent Bell

Ecrit par : Stacey Menear

Avec : Katie Holmes, Owain Yeoman, Christopher Convery, Ralph Ineson

Les semaines se suivent et se ressemblent, hélas. Après un catastrophique Fantasy Island la semaine dernière, me voici à nouveau dans une salle de cinéma face à un pur navet. J’ai nommé, cette fois, la suite du film The Boy (2016), sobrement intitulée en Belgique The Boy : la malédiction de Brahms.

Après une violente agression survenue dans leur appartement de Londres, Liza, son fils Jude et son mari Sean décident de déménager dans un coin tranquille à la campagne. La famille espère ainsi se remettre de ce traumatisme. Mais c’était sans compter sur Brahms, une étrange poupée déterrée par Jude lors d’une balade en forêt…

Lorsqu’a été faite l’annonce de la mise en chantier d’une suite au film The Boy, j’avoue avoir été plutôt perplexe. En effet, le film jouant sur l’effet de surprise, avec un twist génial que je ne révélerai pas ici, il me semblait ardu, et même inutile, de fournir une suite dans la même veine. En me rendant au cinéma, j’étais donc très curieuse de découvrir de quelle manière ce deuxième opus allait être lié à son grand frère. Eh bien, j’aurais dû m’en douter : cette suite annihile purement et simplement tout ce qui faisait le sel du premier volet. L’idée développée dans le film ôte à The Boy premier du nom tout ce qui en faisait un film original et digne d’intérêt. Je vais rester volontairement vague afin de ne pas gâcher le plaisir à quiconque n’aurait pas encore vu le premier film. 

Spoiler

Alors que celui-ci prenait intelligemment à revers le spectateur, persuadé d’être face à un film de poupée possédée alors qu’il n’y avait en fait pas l’ombre d’une possession, le second nous dit : « Mais si, la poupée était bien possédée, en fait ! »

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En plus d’être complètement inutile, ce parti pris prend le risque de reléguer le premier volet au rang de simple film de possession ou de poupée maléfique. Et c’est bien dommage, à mon avis.

Une fois l’outrage passé, le film n’en est pas bon pour autant. Déjà, il est terriblement ennuyeux. Il ne s’y passe pour ainsi dire rien ! On a droit tout au plus à quelques roulements d’yeux de la part de la poupée, et c’est tout. Ceux qui trouvaient déjà qu’Annabelle ne faisait pas grand-chose dans le film du même nom (2014), ici ils n’en auront absolument pas pour leur argent. Je ne m’attendais certes pas à un film d’action ébouriffant, mais tout ici est soporifique. Même la vie de famille qui se déroule sous nos yeux ne présente aucun intérêt tant on a l’impression d’avoir déjà vu cent fois une telle famille et les traumas qu’elle traîne dans son sillage. Face à une telle inertie, je me suis mise à espérer que la poupée se révèle subitement à la mère, tel Chucky dans Child’s Play, histoire de faire rebondir un peu l’action, mais niet, nada, que pouic.

Cela est d’autant plus désolant que les acteurs présents sont plutôt sympathiques, à commencer par Katie Holmes que j’aime beaucoup et qui est trop peu présente sur les écrans à mon goût. Hélas, il s’avère très difficile d’avoir une once d’empathie pour cette mère de famille qui cumule les mauvais choix et les décisions plus que discutables. Au début, on comprend l’ambivalence dans laquelle elle se trouve (dois-je laisser mon fils jouer avec cette poupée certes bien flippante mais qui semble lui procurer du réconfort ?) mais plus le comportement du garçon devient inquiétant, moins on comprend la passivité de la mère. Vous voulez quelques exemples ? « Mon fils évoque l’idée de nous assassiner sauvagement mon mari et moi ? Pas grave, mieux vaut faire comme si de rien n’était ! Je le soupçonne très fortement d’avoir éventré un chien, et il dessine une scène représentant des enfants morts devant la maison ? Pas grave, je vais le laisser aller jouer dehors avec ses cousins sans aucune supervision parentale ! » Mais réagis, bon sang ! A défaut de confronter ton gamin à ses méfaits, surveille-le, au moins !

Soulagement intense : après plus de quatre-vingts interminables minutes, le film touche à sa fin. Et c’est là que le pire a lieu : The Boy II nous offre un final grand guignolesque bien ridicule, encore alourdi par des effets visuels ratés et même risibles. Le tout est accompagné d’explications pour le moins confuses, voire même incohérentes. Tout ça pour ça, en un mot.

En outre, tout le film pâtit d’une réalisation chaotique et d’un montage complètement ringard, composé de ralentis et de flous en veux-tu en voilà. Il y a certes un ou deux jolis plans à se mettre sous la dent, mais c’est bien maigre.

A ma grande surprise, Patrick, le rédacteur en chef du site, a eu cette réflexion à notre sortie du cinéma, qui m’a laissée pantoise : « J’ai la conviction qu’un bon film se cache là derrière. » Ce à quoi je lui ai répondu : « Oui, le premier film ! » Il n’y a décidément rien à sauver dans ce The Boy II, et c’est avec mélancolie que l’on repensera au premier volet et à sa fraîcheur divertissante.

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