Fantasy Island (2020)

Réalisé par : Jeff Wadlow

Ecrit par : Jeff Wadlow, Jillian Jacobs, Christopher Roach

Avec : Lucy Hale, Maggie Q, Ryan Hansen, Michael Peña, Michael Rooker

Ce film est con. Un vrai film à la con. Excusez la trivialité de mon langage, mais il s’avère qu’aucun autre mot n’exprime aussi parfaitement ce qu’est le film Fantasy Island. En effet, selon le dictionnaire, con signifie « imbécile », « idiot », ou encore « mal fait », « inepte ». Et c’est exactement ce que nous offre la dernière production Blumhouse.

Vous souvenez-vous de la série télé L’Ile fantastique, diffusée durant sept saisons dès la fin des années 70 ? Elle nous racontait l’histoire de M. Roarke et de son fidèle complice Tattoo, à la tête d’une île capable de donner vie aux fantasmes les plus fous de ses habitants. Le film qui nous occupe en est l’adaptation horrifique. Dans cette version 2020, cinq chanceux vacanciers ont été tiré au sort pour être les premiers à séjourner sur une île de luxe au concept plus qu’intrigant : quiconque formulera un souhait (et un seul souhait) sur cette île, verra immédiatement son rêve réalisé. Mais du rêve au cauchemar, il n’y a parfois qu’un pas…

Il y a deux ans, le calamiteux Truth or Dare venait pourrir nos écrans de cinéma (lire critique ici). V’là-ti pas que Jeff Wadlow, responsable de ladite calamité, nous revient avec un nouveau désastre. Et croyez-le ou non, le monsieur réussit la prouesse de faire encore pire.

Premièrement, si l’on veut continuer la comparaison avec Truth or Dare, on peut discerner un défaut commun aux deux œuvres : elles sont toutes deux totalement puériles et ridicules. Tout le monde y est pris pour un idiot, que ce soient les personnages ou les spectateurs. Pas de jaloux. Les personnages font des choses idiotes, disent des choses idiotes, prennent des décisions idiotes (oui, on a même droit au fameux « Séparons-nous ! » qui met en rogne n’importe quel fan d’horreur). A l’image des protagonistes de Truth or Dare, les vacanciers de Fantasy Island semblent tous avoir la mentalité (et l’humour) d’ados de quatorze ans. Ils passent leur temps à ressasser leurs soucis personnels et à raconter leur petite histoire so tragic à qui veut l’entendre (et à qui ne veut pas, d’ailleurs). Cela rend la totalité des personnages au mieux inintéressante, au pire complètement antipathique. Ce qui est dommage, car le film bénéficie d’une jolie brochette d’acteurs qui méritaient mieux que cette purge. J’étais notamment ravie de revoir Ryan Hansen (l’inoubliable Dick Casablancas de Veronica Mars) qui, malgré son fort potentiel de sympathie, a toutes les peines du monde à rendre son personnage un tant soit peu attachant. En plus de cela, je tiens à féliciter chaleureusement Michael Rooker (Henry : Portrait of a Serial Killer), qui remporte la palme du personnage 100% inutile de l’année.

Ensuite, autre supplice que nous fait endurer le film : un humour lourdaud et complètement à côté de la plaque. Les blagues ne sont jamais, je dis bien JAMAIS drôles. Se louper à ce point représente même une performance en soi. Je ne compte même plus le nombre de fois où j’ai lentement secoué la tête de consternation après une énième boutade de la part d’un des protagonistes. D’ailleurs, à certains moments, les dialogues et les situations sont tellement incongrues qu’on finit par se demander si l’on est bien face à un vrai film d’horreur et pas une mauvaise comédie d’aventures.

Continuons à creuser dans la médiocrité. La réalisation, à présent. Le film est tellement mal filmé ! La caméra est constamment prise de mouvements frénétiques qui empêchent de suivre convenablement l’action. De plus, les effets visuels sont catastrophiques. Je souhaiterais en profiter pour rendre hommage à l’émouvante scène d’explosion d’une grenade, qui nous gratifie, en plus d’un sacrifice déchirant, d’une lumière blanche du plus bel effet, accompagnée d’un tragique « Noooooooon ! ». Ça vaut le coup d’œil, je vous assure. Ajoutez à cela une musique assommante, omniprésente et constamment à contre-emploi, et on frôle l’indigestion.

Enfin, après avoir enduré 1h50 de film, qui parait facilement en compter deux de plus (quel ennui !!!!), on pense toucher du doigt la délivrance tant attendue. Erreur. Le film en a encore sous le coude pour finir de nous affliger. La révélation finale (car révélation finale il y a, évidemment) est si téléphonée que le spectateur l’a déjà vue arriver avec ses gros sabots depuis un petit bout de temps. Pourtant (attention, je m’apprête à accorder un micro compliment au film), on avait eu droit juste avant à un sympatoche petit twist qui aurait pu être amusant si Wadlow avait essayé de l’introduire de façon subtile, et ne nous l’avait pas simplement balancé paresseusement au visage. 

Spoiler

Alors que les personnages pensaient être en train de vivre chacun leur propre souhait, ils se trouvaient en fait dans le souhait de Melanie, une des vacancières, qui avait demandé à l’île de l’aider à se venger de la mort de son hum hum petit ami (qu’elle avait rencontré la veille de sa mort – non, je ne plaisante pas). Mouais, dit comme ça, ça me semble déjà moins convaincant. Bref.

[collapse]

Là, vous croyez que c’est fini, n’est-ce pas ? BIEN SUR QUE NON ! Le spectateur à l’agonie doit encore subir une fin sous forme de clin d’œil à la série originelle, mais à la morale plus que douteuse. Le tout nous est présenté comme un happy end alors que non, on n’est pas happy du tout en fait : des gens sont morts, un sacrifice nullement justifié a été fait, et le responsable n’est aucunement puni ; pire, il passe même pour un gentil monsieur certes un peu farfelu. Qu’est-ce que c’est que ce film ?! Mais il y a pire dans tout ça : la fin laisse présager une suite… Pitié.

Oyez oyez, qu’on se le dise : le cinéma d’horreur compte un nouveau fléau : Jeff Wadlow, qui se positionne en sérieux concurrent de Gary Dauberman pour le titre de pire scénariste du genre horrifique en activité actuellement. Il faut de toute urgence arrêter de confier des projets à Wadlow, qui est, de toute évidence, incapable d’écrire ou de réaliser quelque chose de regardable. En 2018, j’avais gratifié Truth or Dare d’un généreux 0,5/5 ; aujourd’hui, j’attribue grâcieusement la même cote à Fantasy Island, par respect pour les acteurs qui doivent être aujourd’hui bien malheureux d’avoir échoué dans cette galère.

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One Response to Fantasy Island (2020)

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