The Little Stranger (2018)

Réalisé par : Lenny Abrahamson

Ecrit par : Lucinda Coxon, d’après le roman de Sarah Waters

Avec : Domhnall Gleeson, Ruth Wilson, Charlotte Rampling, Will Poulter

Il est intéressant de voir que, ces temps-ci, l’horreur n’est plus nécessairement considérée comme un genre de seconde zone par de nombreux cinéastes qui ne sont pas nécessairement associés au genre et qui ont connu un certain succès par le passé. Nous avons eu Jordan Peele, généralement associé à la comédie, qui nous a offert l’excellent Get Out (2017). Il y a également Luca Guadagnino, adoré avec son touchant Call Me by your Name (2017), qui a réalisé le remake de Suspiria (2018, lire critique ici). On est dans le même cas avec The Little Stranger réalisé par Lenny Abrahamson, celui qui nous a donné Room (2015), un film acclamé par la critique et récompensé aux Oscars (Oscar de la meilleure actrice pour Brie Larson). Ce cinéaste, fort influencé par le roman The Little Stranger de Sarah Waters, a longtemps eu à cœur ce projet et c’est avec grande curiosité que la communauté de l’horreur s’est jetée sur cette œuvre.

Le Dr Faraday (Domhnall Gleeson) est un médecin reconnu, qui a installé son cabinet dans un petit village, peu après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Un jour, il est amené à ausculter la servante d’une famille vivant dans un manoir qui avait, autrefois, une certaine prestance. Rapidement, il ressent une forte attirance pour Caroline (Ruth Wilson), la fille de la famille. Au fur et à mesure que des événements étranges surviennent dans la demeure, Faraday développe une fascination pour la maison, qui tourne peu à peu à l’obsession…

Il y a de nombreuses inspirations dans The Little Stranger. On peut d’abord y voir l’influence de Woman in Black (2012), avec ses décors et son ambiance très gothiques qui rappellent les belles années du studio Hammer. On accompagne les personnages dans ce manoir immense dans lequel on remarque que chaque détail a une authenticité propre.

Ensuite, The Little Stranger présente des similitudes avec The Haunting (1963). Mis à part le côté gothique discuté dans le paragraphe précédent, on distingue de très grandes ressemblances entre les deux films, notamment à cause de la relation que le personnage principal entretient avec le manoir. En effet, tant Eleanor pour The Haunting que Faraday pour The Little Stranger sont attirés par la bâtisse dans laquelle ils évoluent, comme s’il s’agissait d’un être vivant. Ils nouent presque une relation amoureuse avec l’endroit et c’est un thème central dans les deux films. Il est intéressant de se pencher sur l’évolution psychologique de ces deux personnages au fur et à mesure qu’ils vivent des sentiments dans le manoir.

Finalement, on peut comparer The Little Stranger avec I Am the Pretty Thing that Lives in the House (2016) parce que, non seulement ça raconte une très sobre histoire de fantômes, mais c’est également chiant comme la pluie. Vous avez envie de regarder un film d’horreur avec seulement une (peut-être deux) scène d’horreur pour une durée de pourtant deux heures ? The Little Stranger est fait pour vous.

Pourtant, au départ, tous les espoirs étaient permis. La photographie et le « production design » sont superbes et on croit être à une autre époque, mais c’est loin d’être suffisant. Le scénario ne nous donne jamais quoi que ce soit à se mettre sous la dent. Et même les rares fois où on a enfin droit à une petite scène d’horreur, ce n’est jamais pleinement satisfaisant.

Il faut dire que la performance de Gleeson (le catastrophique Mother !, un génial épisode de la saison 2 de Black Mirror) n’aide pas non plus ; il n’a qu’une expression sur le visage durant tout le film : l’apathie. Il ne ressent rien, n’a aucune émotion.  Et c’est le personnage principal, alors il faut bien se le farcir ! Heureusement qu’il y a Ruth Wilson, qui campe d’ailleurs le rôle principal dans I Am the Pretty Thing the Lives in the House (coïncidence ? Je ne crois pas). Elle relève le niveau lorsqu’elle apparait à l’écran, en interprétant avec conviction une jeune femme qui n’aspire qu’à une chose : foutre le camp de cette maudite baraque.

En définitive, The Little Stranger n’a aucun autre intérêt que d’ennuyer le spectateur. C’est long, fade, sans âme et il n’y a aucun « payoff », en plus de ne pas du tout aborder un des thèmes principaux du roman, l’homosexualité dans une société qui ne l’accepte pas. Bref, passez votre chemin.

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