The Exorcist (1973)

Réalisé par : William Friedkin

Ecrit par : William Peter Blatty

Avec : Ellen Burstyn, Max Von Sydow, Jason Miller, Linda Blair, Lee J. Cobb

J’ai eu beaucoup de chance avec mes parents lorsque j’étais jeune. Non seulement ils m’ont donné tout l’amour dont j’avais besoin, mais ils me laissaient regarder tous les films que je voulais voir.  A moins que ce ne soit un film pornographique, ma mère n’hésitait pas à venir au club vidéo du coin pour dire au responsable que je pouvais louer une VHS interdite aux moins de 18 ans pour cause de violence, de langage ou de scènes explicites. Bref, j’étais heureux. Puis, alors que je devais avoir environ onze ou douze ans, le cinéma près de chez moi passait The Exorcist pour Halloween. Comme j’avais envie d’y aller ! Mais le film était interdit aux moins de 18 ans… J’ai donc gentiment demandé à ma mère si on pouvait y aller et elle m’a répondu par la négative. Premièrement, elle n’avait pas envie de le revoir, et encore moins sur grand écran. Deuxièmement, elle m’a dit : « Je ne crois pas que ce soir une très bonne idée. C’est assez choquant comme film. Tu risques d’en ressortir traumatisé, surtout à ton âge. »  Soit. J’ai mordu sur ma chique et j’ai finalement pu le louer quelques semaines plus tard en promettant à ma mère que je n’allais pas faire de cauchemars et que j’étais assez grand pour supporter un aussi vieux film. Après tout, j’avais vu presque tous les films de la section « horreur » de mon club vidéo. Rien ne pouvait m’atteindre. J’aurais dû écouter ma mère…

Chris MacNeil (Ellen Burstyn) est une actrice connaissant un succès monstre, mais elle est également une mère aimante qui ferait tout pour sa fille, Regan (Linda Blair). Le problème est que cette dernière agit de plus en plus bizarrement. Que ce soit les médecins ou les psychologues, personne ne semble savoir ce qui ne va pas. Et si Regan n’était pas malade, mais plutôt possédée ?

Lorsque je dis que j’aurais dû écouter ma mère, ce n’est pas parce que je regrette d’avoir vu The Exorcist, loin de là. Au contraire, dès le premier visionnement, je savais que j’étais en face de quelque chose qui allait marquer mon esprit et qui allait devenir très facilement un de mes films favoris de tous les temps. Par contre, ma mère avait raison lorsqu’elle disait que ça allait me traumatiser. The Exorcist était et reste, à mon avis, un des films les plus effrayants jamais tournés.

D’abord, malgré un sujet surnaturel, on garde un ton très réaliste. Oubliez les yeux noirs et les tables qui volent dans tous les sens que l’on voit dans les films de ce sous-genre depuis quelques années. The Exorcist reste extrêmement sobre et c’est ce qui le rend si effrayant. Sur presque toute sa durée, on ne peut que douter de la véritable possession de la jeune Regan tant ses agissements peuvent se justifier par des explications rationnelles. La jeune fille passe à travers de nombreux tests médicaux, ce qui est la chose la plus logique à faire pour toute personne normale, avant que sa mère ne décide de faire appel à un prêtre,. C’est ce réalisme déroutant, cette impression que cette histoire peut arriver à tout le monde, qui fait que The Exorcist fonctionne si bien.

De plus, la réalisation de Friedkin est parfaite. Si les deux premiers tiers du film sont déjà excellents, c’est lors du dernier acte, durant l’exorcisme, que Friedkin montre son immense talent. Grâce à des éclairages bien exploités, on ne peut que ressentir des frissons en voyant la silhouette du démon apparaître derrière la jeune Regan. Même chose lorsqu’on voit, durant une fraction de seconde, le visage du monstre dans le plus fort de la séance. Et que dire d’un des derniers plans, filmé en caméra à l’épaule ? Celui-ci est extrêmement rapide, mais il permet de comprendre l’ampleur de l’action posée et le choc n’en est que plus grand.

Parlant de perfection, le scénario de Blatty, tiré de son propre roman, est sans défaut. Les personnages sont multidimensionnels et on voudrait qu’ils s’en sortent. Même les personnages secondaires sont sympathiques et ont leur propre personnalité sans tomber dans la caricature. C’est le cas du détective chargé d’une affaire de meurtres en rapport avec l’histoire. On peut penser qu’il s’agit d’un simple « comic relief » avec ses quelques interventions dans lesquelles il demande aux prêtres s‘ils aiment le cinéma, mais il est beaucoup plus complexe que ça.

Blatty construit également une histoire lente dans laquelle les personnages n’auront pas le choix de se tourner vers l’exorcisme afin de délivrer Regan de son démon. Et, même avant le dernier acte, les personnages vont douter de l’efficacité de l’exorcisme, que ce soit le détective ou encore même le prêtre Karras (Jason Miller).  On se demande ce qu’on aurait fait à la place de la pauvre mère qui voit sa fille dépérir à vue d’œil et, pour ma part, je ne sais pas si j’aurais agi différemment. Blatty tape dans le mille avec un scénario réaliste à tous les points de vue.

Le scénario et la réalisation sont également aidés par des effets spéciaux qui ont très bien vieilli. On en vient à se demander la façon dont certains ont été faits (la scène de la lévitation) tellement ils sont bien exécutés à une époque où les effets par ordinateur étaient inexistants. Et non seulement ils sont bien faits, mais ils restent tout aussi efficaces qu’avant. Comment ne pas avoir des frissons en voyant la tête de Regan faire un tour de 360 degrés et décocher un sourire malsain aux protagonistes ?

De surcroît, les acteurs sont tous exceptionnels. Leur performance rend les personnages extrêmement attachants. Ils ne jouent pas, ils incarnent les personnages. Elle Burstyn n’est pas qu’une actrice qui se met dans la peau de son personnage ; elle est Chris MacNeil, une mère désespérée. Jason Miller n’est pas qu’un acteur jouant un prêtre ; il est un homme de science et de foi qui a de profonds problèmes personnels liés à la mort de sa mère. Ils sont tous parfaits dans leur rôle, la meilleure étant Linda Blair, la pauvre Regan. Cette jeune actrice s’est donnée à fond et offre aux spectateurs un jeu physique hors du commun. Peu d’acteurs donneraient leur accord pour être autant malmenés et pour tourner le tiers d’un long-métrage dans une pièce réfrigérée en ne portant qu’une nuisette.

Au final, The Exorcist a marqué l’imaginaire de toute une époque et reste une source d’inspiration pour pratiquement tous les films de possession existants. Qu’on l’aime ou pas, c’est incontestablement un des films les plus influents du monde de l’horreur (même si de nombreux snobs refusent de le considérer comme un film d’horreur) et il serait dommage de passer à côté de ce classique.

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