Truth or Dare (2018)

Réalisé par : Jeff Wadlow

Ecrit par : Michael Reisz, Jillian Jacobs, Chris Roach, Jeff Wadlow

Avec : Lucy Hale, Tyler Posey, Landon Liboiron, Violett Beane

En me rendant au cinéma pour visionner Truth or Dare, je me parlais à moi-même et me disais la chose suivante : « Allez, même si ce film n’a pas vraiment obtenu un succès critique phénoménal, tu VAS l’aimer ! Ce ne serait pas la première fois que tu te surprends à apprécier des œuvres haïes par une majorité de gens, comme Rings (2017), par exemple, ou encore Wish Upon (2017), ou même Bye Bye Man (2017), qui t’ont sacrément bien divertie. » Ne sachant absolument rien du film (je n’ai visionné aucune bande-annonce ni lu aucune critique), j’étais donc dans les meilleures dispositions qui soient lorsque je me suis confortablement installée dans la salle de cinéma, toute décidée à passer un agréable moment. Et après avoir vu Hereditary la veille, dont la fin m’avait laissé l’amer goût de la déception dans la bouche, je VOULAIS croire en ce Truth or Dare. Et là… Bardaf, c’est l’embardée.

Avertissement : cette critique contient un grand nombre de spoilers. A l’image des personnes qui ont commis ce film, j’ai cédé à la paresse et n’ai eu ni l’envie ni la volonté de me creuser les méninges pour trouver une manière d’exprimer mes idées tout en respectant l’intégrité (mgnnnuff) du film.

Mais qu’a donc bien pu ramener Olivia de son Spring Break au Mexique ? Une MST ? Une bonne gueule de bois carabinée ? Une grossesse non désirée ? Détrompez-vous : le souvenir qu’a ramené Olivia de son voyage, c’est une bonne vieille malédiction de derrière les fagots. Eh oui, jouer à « action et vérité », c’est dangereux, les amis. Vous voilà prévenus.

Ça a l’air de faire mal, mais moins que de regarder cette bouse.

Je suis vieille. C’est un état de fait. Sinon comment expliquer que je n’ai ressenti aucun plaisir à savourer des dialogues aussi finement écrits, à base de « bombasse », « BFF », « Snapchat », « daron », ou encore de poétiques « je suis trop déchiréééée » ? Il est bien sûr évident que le public ciblé est clairement adolescent : en plus de prendre pour idée de départ un jeu plébiscité par des hordes d’adolescents en chaleur à travers le monde, il met en scène des acteurs à la mode chez nos teenagers (la jolie Lucy Hale, tout droit sortie des magouilles capillotractées de Pretty Little Liars, ou encore le fadasse Tyler Posey, qui a crié au loup durant six saisons de Teen Wolf), mais quand même, il y a des limites à ce que ma tolérance à l’égard de cette espèce curieuse qu’on appelle « adolescents » peut supporter. Quant à savoir comment tout cela va vieillir dans les années à venir, j’aurais tendance à répondre qu’on s’en fout.

De prime abord, lorsque l’on évoque ce film, la première réaction des gens est de rouler des yeux en arborant un sourire moqueur, le tout souvent accompagné d’une petite phrase du genre : « A quand un film d’horreur sur le jeu de la bouteille qui tourne ? » Et je dois avouer que je faisais partie de ces gens. Pourtant, contre toute attente, durant le supplice qui m’était infligé, je ne pouvais m’empêcher de me dire qu’au final, ce concept d’« action ou vérité », ou les personnages sont, à tour de rôle, forcés à faire un choix et à s’y soumettre, aurait pu donner un film intense, avec des personnages confrontés à des défis intenses et à des cas de conscience. Mais pour ça, il aurait fallu que les scénaristes aient la volonté d’injecter un peu de substance et de contenu dans leur film. Or, ici, on a droit à un démon qui semble davantage intéressé par les amourettes adolescentes (petit coquinou) que par un quelconque dessein maléfique. « Embrasse Bidule ! Dis à Trucmuche ce que tu ressens pour lui ! Avoue de qui tu es réellement amoureux ! » sont autant de défis (aux enjeux des plus dramatiques, comme vous pouvez le constater) auxquels les personnages sont confrontés. Je m’arrête là, je sens la nausée qui arrive.

« Tu aimes mon copain alors que nous sommes en danger de mort ? Je ne suis plus ton amie ! »

Par ailleurs, le film nous balance une « révélation » plutôt sympa en cours de route : le démon responsable de tout ce bazar a en fait été invoqué cinquante ans plus tôt par mégarde par des petites filles qui cherchaient un moyen de se soustraire au prêtre qui abusait d’elles sous couvert d’un jeu. Dommage que ce soit révélé par le biais d’une vieille madame muette qui nous expédie le tout en deux minutes chrono sur des bouts de papier. Encore une fois, c’est un coup dans l’eau.

De plus, les acteurs sont insignifiants, surtout Tyler Posey, qui arbore un regard vide en permanence. Vous visualisez les tumbleweeds, ces boules faites de paille et de branches, qui virevoltent dans le désert pour symboliser la désolation, l’absence de vie ? Je jure que j’en ai vu passer dans ses yeux à certains moments.

Duuuh ?

Les protagonistes sont, tous sans exception, cons comme des manches à balai.  Ils sont soit antipathiques, soit totalement cuculs. On ne croit pas une seule seconde à leur bande d’amis tant ils ont l’air de ne pas pouvoir se voir en peinture. Difficile de croire qu’ils sont à l’université et pas plutôt en 3e secondaire tant leurs réactions sont puériles. Ronny, le seul personnage un peu sympa, le seul que l’on n’a pas envie de gifler toutes les six secondes tant il est pitoyable, meurt en premier. Dommage, c’est lui qui a apporté les seuls dialogues un peu amusants dans ce ramassis de phrases clichées pseudo-philosophiques à deux francs cinquante dégoulinantes de bons sentiments débités à tour de rôle par chacun des protagonistes. « Entre toi et le monde, j’te choisis toi ». Waow, c’est vachement profond ! Ou encore Olivia qui, alors qu’elle se trouve dans une fête au Mexique durant le Spring Break, s’approche d’un gars qui la drague au bar pour lui demander : « Tu trouves vraiment que je suis gentille ? ») Tout cela en devient involontairement drôle.

Bon, ok, je me montre un peu dure, là. Je dois tout de même avouer que le film a réussi à me procurer un vrai choc. Cela s’est produit lorsque, après cinquante minutes de film… j’ai regardé ma montre et me suis rendu compte qu’il en restait encore cinquante autres. Les scènes qui n’ont aucun sens se succèdent, le réalisateur se montre incapable d’insuffler la moindre tension dramatique à son film, y compris lors d’une scène impliquant une fille saoule marchant sur le bord d’un toit. Il faut le faire, franchement. Une scène comme ça, c’était du pain bénit pour le film. Un autre gros ratage est la scène se déroulant à l’hôpital, ou un personnage choisit « vérité », et se voit contraint de faire son coming-out auprès de son père. Enfin, il faut croire le personnage sur paroles, parce que la scène NE NOUS EST PAS MONTREE. Je vous le jure ! Le réalisateur fait l’impasse sur la seule scène qui aurait pu apporter un tant soit peu d’âme et de substance à son film. En plus de cela, les personnages prennent des décisions incompréhensibles, échappant à toute logique. Après une heure de film, ils semblent n’avoir toujours pas compris la mécanique du jeu, et s’étonnent encore et encore des choses étranges qui se produisent alors qu’ils en sont à leur trois-cent-treizième tour de jeu, au minimum. Et le traditionnel gimmick du personnage qui décide de se sacrifier pour potentiellement sauver ses amis se reproduit toutes les QUATRE MINUTES !!! J’ai déjà senti mon intelligence de spectatrice être insultée maintes et maintes fois dans une salle de cinéma, mais là j’avoue qu’il y a du niveau.

Ceci étant dit, je trouve que la manifestation physique de la malédiction, ces grands sourires crispés qu’arborent les personnages, n’était pas inintéressante, et fait son petit effet la première fois qu’on y a droit. Malheureusement, le réalisateur en use et abuse tellement que ça en perd tout son impact initial et devient parfaitement inoffensif.

Trop de sourires tuent le sourire

La fin tant attendue (non pas parce qu’on meurt d’envie de savoir comment tout cela va se terminer, mais bien parce que l’on meurt d’ennui) sombre dans les abîmes du ridicule, lorsque le personnage d’Olivia tente de faire participer le démon au jeu (oui vraiment). Le film continue de s’enfoncer encore dans la médiocrité avec une scène finale qui se veut surprenante mais qui déboule avec ses gros sabots, comme un cheveu sur la soupe, et laisse le spectateur perplexe. Le personnage principal, qui ne cesse de revendiquer son merveilleux altruisme dans à peu près chaque dialogue, décide tout à coup de dire « Fuck le monde entier, je sauve ma peau. » Pourquoi pas, la nature humaine est ainsi faite, mais c’est tellement mal amené ! « OH.MON.DIEU. Mais quelle est cette chose que je viens de voir ? » est la seule réaction que cette fin a provoquée chez moi.

Blague à part (ou pas), le film soulève un questionnement assez intéressant : comment diable ce film a-t-il bien pu arriver jusqu’à nous, dans une salle de cinéma, qui plus est ? Qui a bien pu valider : 1) le scénario (si l’on peut appeler ce truc qui semble avoir été écrit en vingt minutes sur un coin de table un « scénario ») ; 2) le produit final, qui se loupe sur absolument tous les tableaux ?

Une scène du film ou un rassemblement de spectateurs qui doivent suivre une thérapie après avoir vu Truth or Dare ?

En résumé, Truth or Dare n’est qu’un produit préfabriqué de plus, une resucée de procédés éculés et de ficelles narratives usées jusqu’à la corde, tout juste prompt à contenter des troupeaux d’adolescents pas trop regardants sur la marchandise et qui, de toute façon parleront et/ou glousseront bêtement pour toute la durée du film, tout en gardant un œil rivé sur leur GSM. Et je ne pourrai pas leur en tenir rigueur, cette fois. En un mot comme en cent, Truth or Dare est tout simplement consternant.

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3 Responses to Truth or Dare (2018)

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