Hereditary (2018)

Réalisé par : Ari Aster

Ecrit par : Ari Aster

Avec : Toni Collette, Gabriel Byrne, Alex Wolff, Milly Shapiro, Ann Dowd

Hereditary était ma plus grande attente de 2018. Le synopsis éveillait mon intérêt, les acteurs m’étaient sympathiques, les images me plaisaient énormément, et le marketing annonçant le film le plus effrayant depuis The Exorcist (1973) m’interpellait, puisque la dernière fois que j’avais entendu pareille chose, c’était pour The Babadook (2014) que j’avais adoré. Donc, je suis entré dans la salle tout excité, content de constater que le public n’avait pas l’air trop bruyant. Bref, le risque d’être déçu était élevé.

Hereditary raconte l’histoire de la famille Graham qui se compose d’Annie (Toni Collette), une maquettiste, de son conjoint Steve (Gabriel Byrne) et de leurs deux enfants, Peter et Charlie. Lorsque la mère d’Annie décède, la famille doit faire face à une succession d’événements étranges, qui semble coïncider avec la mort de la vieille dame…

Alors, est-ce que j’ai été déçu ? Malheureusement, oui. Malgré tout, j’ai beaucoup apprécié les trois premiers quarts du film. Le réalisateur Ari Aster instaure rapidement une ambiance extrêmement lourde et déprimante, omniprésente pour toute la durée de son œuvre, ce qui pourrait en rebuter plus d’un. Par contre, si vous vous laissez happer par cette atmosphère, vous passerez un moment intense pour cette section du film, vous sentant de plus en plus mal à l’aise au fur et à mesure que l’intrigue se déroule.

On sent le malaise dans cette image

Le film reste subtil durant cette première heure et demi, semant régulièrement le doute sur ce qui se passe vraiment et incorporant quelques scènes chocs. L’une d’entre elles est probablement la scène la plus choquante que j’aie pu voir ces dernières années. Ce n’est pas qu’elle soit gore, mais elle est tellement inattendue que vous ne pourrez pas vous empêcher de laisser tomber votre mâchoire sur le sol. Ari Aster prend son temps pour filmer les réactions des personnages, accentuant le malaise au fil des longues minutes que dure la scène.

Par ailleurs, les acteurs sont excellents. Toni Collette (Krampus, Sixième sens), avec ses nombreux monologues, convainc dans le rôle d’une mère qui perd graduellement sa santé mentale. Alex Wolff (Jumanji), dans le rôle de Peter, épate également en adolescent désemparé face à la descente aux enfers de sa famille. La caméra s’attarde régulièrement sur son visage et Wolff montre subtilement les émotions de son personnage. Gabriel Byrne et Milly Shapiro, les deux autres membres de la famille, sont également très bons et attirent la sympathie (et parfois aussi le malaise).

Le fantastique jeu d’Alex Wolff

De plus, la musique de Colin Stetson est omniprésente. On se croirait constamment dans un mauvais rêve à cause de celle-ci, comme si on était jetés dans une épaisse brume, sentiment intéressant en visionnant le film. Elle instaure une ambiance particulièrement malsaine. Même lorsque le ton est légèrement plus joyeux, on se retrouve avec un son onirique déconcertant.

Les cadrages et l’éclairage sont également à relever. Les nombreux plans symétriques sont dignes d’intérêt. Les maquettes d’Annie sont toujours extrêmement bien cadrées, toujours bien centrées. Les couleurs, même si tout reste sombre, sont très contrastées. C’est le cas au début du film lorsqu’on aperçoit, dans le coin d’une pièce, la silhouette de la grand-mère, pourtant décédée. On la distingue clairement, même si le recoin est très obscur. Ça donne un côté esthétique intéressant.

Un éclairage parfait qui joue avec les contrastes

J’ai peut-être l’air d’être très positif, et de ne trouver aucun défaut à Hereditary, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Tout d’abord, le film a une durée d’un peu plus de deux heures et ça se sent. J’étais tellement mal à l’aise que j’avais envie que ça se termine. Même si j’aimais ce qui se passait devant moi, le sentiment d’inconfort était trop élevé pour cette durée et je n’ai pas eu d’autre choix que de finalement me détacher des personnages.

Par ailleurs, là où le bât blesse, c’est à la fin, et ce, pour plusieurs raisons. Durant la dernière demi-heure, on comprend où le film nous emmène, et il devient de fait très prévisible. Alors qu’on a été maintenus dans le brouillard durant une heure et demi, on se retrouve avec des surexplications qui détonnent avec la subtilité du reste du film. La dernière phrase du film résume même ce qui vient de se passer pour être sûr que le spectateur ait bien compris. Cette révélation vient même enlever un peu l’impact que la scène choc décrite plus haut. On pourrait facilement faire un parallèle

Spoiler

avec la série Paranormal Activity (2009) pour la conclusion,

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 ce qui est dommage puisqu’on aurait pu s’attendre à un peu plus d’originalité de la part d’Ari Aster au vu de ce qu’il nous avait offert durant les 90 premières minutes.

Au cours de ces dernières trente minutes, la mise en scène change également, troquant les longs plans d’exposition pour de l’horreur beaucoup plus rapide, tombant même dans certains clichés du genre. J’avoue avoir eu quelques frissons durant plusieurs de ces scènes, mais cela tranche trop avec le reste du film, allant jusqu’à arborer un petit côté kitsch. Alors que tout le début du film est regardé à travers les yeux des personnages, la fin montre certains éléments seulement pour faire peur au spectateur. Par exemple, on voit une forme dans un coin, mais le personnage que l’on suit à ce moment ne le voit pas. C’est juste du tape-à-l’œil.

Somme toute, malgré une fin qui m’a plutôt déplu à cause du changement radical de direction, le reste de Hereditary est excellent et aurait facilement pu s’élever au rang du deuxième meilleur film de l’année (Ghostland occupant la première position). Mes attentes étaient peut-être trop élevées, mais si le début n’avait pas été aussi bon, la fin ne m’aurait sans doute pas tant déçu.

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