Réalisé par : Denis Iliadis
Ecrit par : Adam Alleca
Avec : Topher Grace, Callan Mulvey, Patricia Clarkson, Genesis Rodriguez
Jason Blum est un nom qui, à chaque fois que je le vois apparaître sur une affiche, attise ma curiosité. Non pas que toutes les productions Blumhouse soient des réussites, loin de là, mais je ne peux m’empêcher d’espérer découvrir une petite pépite qui ne paie pas de mine au premier abord, mais qui serait prompte à faire vibrer l’amatrice de cinéma d’horreur que je suis. Alors, lorsque j’apprends que Blumhouse et Leonardo DiCaprio (via sa société Appian way) ont conjugué leurs efforts pour nous offrir un film d’horreur, moi je dis : « Allons donc voir ça de plus près ! »
Après avoir passé près de vingt ans dans une institution qui soigne les troubles mentaux, Tom retourne dans l’immense maison familiale, inhabitée depuis le récent suicide de son père, où il doit passer trente jours sous contrôle judiciaire strict. Alors qu’il tente de s’acclimater à sa nouvelle vie, il est vite assailli de visions plus perturbantes les unes que les autres, qui mettent en péril sa santé mentale déjà fragile. Tom perd-il peu à peu la raison, ou se pourrait-il que des forces bien plus sombres soient à l’œuvre dans la maison ?
Tout d’abord, le point fort du film est l’aura de mystère qui l’entoure durant les trois quarts de sa durée. Les informations sont distillées au compte-goutte (sans jamais que cela ne devienne ennuyeux) et on se pose beaucoup de questions. C’est très agréable. On se demande ce que le personnage a bien pu faire pour être interné durant près de vingt ans, ce qui est arrivé à sa mère et à son frère… Il est rafraichissant de ne pas savoir où un film nous emmène. Mais le plus intéressant est que l’on oscille sans cesse entre le rationnel et le surnaturel : Tom sombre-t-il peu à peu dans la folie, seul dans cette maison d’enfance aux souvenirs aussi réconfortants que destructeurs ? Ou quelqu’un essaie-t-il de le faire passer pour fou ? Par ailleurs, l’onirisme des visions qui assaillent Tom n’est pas poussé trop loin, et c’est appréciable car cela permet de maintenir le spectateur dans un état de doute permanent.
En outre, le film jouit d’un parfait équilibre entre les scènes de tension, où Tom déambule dans les couloirs sinistres de cette immense demeure marquée par la mort de son père et la disparition de sa mère, et les passages plus légers, voire même amusants, où on tisse vraiment des liens avec le personnage, qui se replonge dans ses souvenirs d’enfance lorsqu’il redécouvre la maison qu’il a quittée alors qu’il n’était encore qu’un adolescent.
De plus, les acteurs, excellents, sont un autre atout de Delirium. Topher Grace (That 70’s Show), notamment, nous livre une solide performance. Avec son physique de monsieur Tout-le-monde allié à son immense talent, on n’a aucun mal à croire à son personnage. Tom nous est vite vraiment très sympathique, bien loin physiquement du petit gringalet Eric Forman, mais dont il partage tout de même une certaine maladresse. Topher Grace mériterait d’être mis davantage en lumière dans le milieu du cinéma. L’acteur australien Callan Mulvey (l’inoubliable Drazic) est lui aussi très convaincant. On l’avait peu vu depuis la fin de Hartley, cœurs à vif et l’accident de voiture qui l’a laissé très marqué physiquement, mais il n’a rien perdu de son talent et incarne son personnage avec juste ce qu’il faut de folie et d’ambivalence pour nous maintenir dans le doute.
Pour ce qui est de la fin, je dois admettre que j’espérais quelque chose de plus surprenant, qui m’aurait vraiment scotchée. Si cela n’a pas été le cas, j’ai tout de même été satisfaite du final qui nous est donné (même si un petit chouïa trop « guimauvesque » à mon goût).
Delirium est film réussi, donc, qui aurait fait bonne figure dans une salle de cinéma, à l’instar du méconnu Stephanie (2017) d’Akiva Goldsman, par exemple, qui constituait une vraie bonne surprise. Mais au lieu de ça, les studios préfèrent continuer à nous abreuver d’Annabelle 2 et d’Insidious 4 médiocres, insipides, et à l’intrigue interchangeable.
Attention, la bande-annonce révèle de nombreux spoilers.
Entre deux heures de cours, Caro passe son temps à écrire des critiques. Correctrice officielle du site, cette professeur de français est la raison pour laquelle il n'y a aucune faute (ou presque) dans nos textes. Depuis qu'elle est toute jeune, elle est passionnée d'horreur et voue un amour inconditionnel à feu Wes Craven.
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