Urban Legend (1998)

 

Réalisé par : Jamie Blanks

Ecrit par : Silvio Horta

Avec : Alicia Witt, Jared Leto, Rebecca Gayheart, Tara Reid

Qui n’a jamais entendu parler de la Dame Blanche, jeune femme mystérieuse apparaissant aux automobilistes esseulés à la nuit tombée ? Ou bien de cette baby-sitter qui reçoit un coup de fil menaçant émanant de la chambre où sont censés dormir les bambins dont elle a la garde ? Ou encore de ce fameux tueur échappé de l’asile qui, avec un crochet en guise de main, guette, tapi dans l’ombre, les amoureux en pleine séance de pelotage motorisé ? Mais siiii ! La cousine de la voisine de la tante du chien de mon ex-beau-frère connaît un gars à qui s’est arrivé ! J’te jure ! Travaillant dans un établissement scolaire, je peux vous dire que les histoires de ce genre ont de beaux jours devant elles, tant les adolescents se plaisent à y croire et à les propager. Il n’y a qu’à voir la version moderne de ces légendes urbaines qui, aujourd’hui, se transmettent moins par le bouche-à-oreille comme autrefois, mais davantage par le biais des réseaux sociaux : les « creepy pasta », dont la popularité grandissante a évidemment tapé dans l’œil des studios (la série Channel Zero, dont Pat vous a parlé plus en détails dans de précédentes critiques, le futur Slender Man…) Mais, bien avant tout cela, en 1998, Hollywood avait déjà décidé d’exploiter le filon des légendes urbaines, avec le slasher Urban Legend.

Surfant sur le succès de Scream, Urban Legend a eu la bonne idée de chercher son inspiration dans le vivier inépuisable et souvent bien connu des légendes urbaines. Je trouve en effet qu’il s’agit d’une idée judicieuse car, même si l’on est bien conscient qu’il ne s’agit que d’histoires imaginées pour faire frissonner au coin du feu, elles continuent de fasciner grâce à l’aura de mystère et de frayeur qui les entoure. Cela apporte une touche d’originalité à un slasher qui aurait pu vite basculer dans la banalité, et lui permet de se démarquer.

Natalie est étudiante à l’université de Pendleton. Elle suit notamment un cours portant sur le décryptage des légendes urbaines. Lorsque plusieurs étudiants se mettent à disparaître dans des circonstances étranges, Natalie est persuadée qu’un dangereux psychopathe prend un malin plaisir à s’inspirer de ces légendes urbaines pour décimer la population estudiantine. Accompagnée de Paul, jeune journaliste avide de scoops, elle va tenter de faire la lumière sur ce mystère…

Le film débute très fort, avec une scène d’ouverture à glacer le sang, qui donne le ton du film : une jeune femme, seule au volant de sa voiture la nuit, chante à tue-tête alors qu’une pluie torrentielle s’abat sur elle. Elle s’aperçoit alors que son réservoir d’essence est vide, et se retrouve forcée de s’arrêter dans une station-service pour faire le plein. Je ne révélerai pas l’issue de la scène, très réussie (même si elle est allègrement spoilée dans la bande-annonce) mais sachez que les événements qui suivent relatent une des légendes urbaines les plus réalistes, et de fait les plus effrayantes.

Une fois cette scène d’ouverture passée, le film prend place à l’université de Pendleton, université à l’atmosphère à la fois agréable car chaleureuse, mais aussi inquiétante (bâtiments anciens, vieilles pierres…). Situer le récit à l’université plutôt qu’au lycée, par exemple, permet de diversifier les endroits où se déroule l’action, ce qui donne lieu à des scènes plutôt sympathiques : le studio de la radio de la fac (avec un meurtre diffusé en direct), la gigantesque bibliothèque, le foyer des étudiants, l’auditorium où se déroule un cours sur… les légendes urbaines, etc. 

Le film est très rythmé, sans temps morts. Les meurtres s’enchaînent et sont suffisamment originaux pour divertir sans tomber dans l’excès. La réalisation, assurée par Jamie Blanks (Mortelle Saint-Valentin), est dynamique et de bonne facture. Le scénario, signé Silvio Horta, remplit son quota de fausses pistes (sans jamais provoquer l’ennui) et de scènes à suspense. Le déguisement du tueur, tout en simplicité (une doudoune à la capuche entourée de fourrure, cachant habillement le visage de celui qui la porte) fait son petit effet (après tout, qui a besoin de sa vision périphérique pour commettre un meurtre, hein ?). Les possibilités de la personne pouvant se cacher sous la fameuse doudoune étant nombreuses, on prend part alors à un intéressant whodunit menant à une révélation finale qui se tient et ne déçoit pas.

Le casting est également soigné : on retrouve d’une part de jeunes acteurs à la carrière alors prometteuse, et d’autre part d’anciennes gloires du cinéma d’horreur dont le nom est désormais passé à la postérité. Ainsi, s’illustrent notamment Joshua Jackson, avec un clin d’œil plutôt sympa à son rôle de Pacey dans Dawson, Jared Leto, dans un rôle de jeune premier bourreau des cœurs assez générique, auquel on n’est plus habitués de sa part aujourd’hui, ou encore la sublime Tara Reid avant qu’elle soit ravagée par la chirurgie esthétique. Du côté des vétérans, Robert Englund fait une apparition sympathique en professeur d’université passionné de légendes urbaines, tout comme Brad Dourif en employé de pompe à essence bègue. Par contre, une autre actrice se doit d’être mentionnée, mais pas à son avantage :  Alicia Witt, dans le rôle de Natalie, nous offre une prestation agaçante à souhait, avec un personnage gnangnan et pleurnichard auquel il est très difficile de trouver de l’intérêt. Et ne pas se soucier du sort de l’héroïne, dans ce genre de film, est quand même problématique. Heureusement, Rebecca Gayheart, dans le rôle de Brenda, la meilleure amie de Natalie, relève sacrément le niveau, avec une interprétation beaucoup plus enjouée.

En résumé, Urban Legend est un divertissement particulièrement réussi et qui ne manque pas de rythme, où des scènes de meurtres plutôt originales alternent avec quelques touches d’humour subtilement distillées. Il ne manquera pas de ravir les fans de slashers, mais également les amateurs de légendes urbaines, qui prendront plaisir à voir leurs histoires favorites prendre corps sous leurs yeux.

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